L’amitié

Souvent dévalorisée comparée à la passion du sentiment amoureux, l’amitié est pourtant un élément nécessaire à notre vie. Mais finalement, qu’est-ce qu’elle est, et comment créer des amitiés saines et durables ?

    1. Mais qu’est-ce que c’est ?
    2. Différents niveaux d’amitié
    3. Les amitiés numériques
    4. Les amitiés asymétriques
    5. Créer et entretenir des relations d’amitié

Article de Ketsia BONNAZ, publié le 3 décembre 2021

 

1.     Mais qu’est-ce que c’est ?

Le dictionnaire la définit ainsi : l’amitié est un sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur la parenté ni sur l’attrait sexuel.

Cette définition souligne plusieurs éléments intéressants : premièrement, la réciprocité met l’emphase sur l’attachement mutuel – si je t’apprécie mais que tu ne peux pas me sentir, il n’y a pas d’amitié. Deuxièmement, l’amitié parle d’affection, de sympathie, d’appréciation – il ne peut y avoir d’amitié sans bienveillance et bonne entente. Enfin, l’amitié est spécifique à des personnes qui se choisissent : on peut être membre d’une même famille et ne pas avoir d’amitié les uns pour les autres (les deux sont bien heureusement possibles), et l’amitié se distingue du sentiment amoureux en cela qu’elle n’est pas empreinte de désir sexuel.

D’ailleurs, quelle est la différence entre amour et amitié ?

« On ne devrait pas sous-estimer les avantages des amitiés profondes, qui ne sont ni aussi intenses, ni aussi compliquées, ni aussi exclusives que les relations amoureuses. En amitié, les conflits se résolvent souvent d’eux-mêmes. Il est tout à faite possible d’ignorer un peu plus longtemps, voire à perpétuité, des traits de personnalité agaçants. Nous pouvons déterminer jusqu’où va notre amitié sans porter un préjudice durable à l’autre si nous le rejetons et sans en souffrir nous-même. » Note 1

>> Et vous, quelle est votre définition de l’amitié ? Vos amitiés sont-elles libres et choisies, emplies d’affection et de bienveillance, et le lien de confiance est-il réciproque ?

 

2.     Différents niveaux d’amitié

Faisons un petit tour en Grèce pour voir ce que le philosophe Aristote disait de l’amitié il y a 2400 ans. Il distinguait trois sortes d’amitié :

L’amitié du plaisir, où l’on partage des activités appréciées par les deux partis : c’est l’ami qui est toujours partant pour un karaoké, pour sauter à l’élastique, ou aller chercher des champignons. L’important c’est de profiter ensemble du moment.

L’amitié utile, où l’un est l’autre ont un intérêt à la relation : c’est le collègue de bureau avec qui les discussions permettent d’échanger des informations importantes, les voisins que l’on peut solliciter/dépanner ponctuellement. L’important c’est de s’enrichir mutuellement de manière pratique.

L’amitié du bien, basée sur le respect et l’admiration mutuelle. Ces amitiés prennent généralement plus de temps à se construire, mais sont plus profondes et plus durables aussi. Elles sont basées sur des valeurs et des objectifs de vie commun, ce qui est partagé touche à la philosophie de vie, à l’intimité émotionnelle, et le conseil sur ses choix de vie est recherché.

« Pour Aristote, la seule véritable amitié est l’amitié vertueuse. Cette dernière est recherchée par tout homme, même si tout homme ne la rencontre pas nécessairement. L’ami vertueux (« véritable ») est le seul qui permet à un homme de progresser car il est en réalité le miroir dans lequel il est possible de se voir tel que l’on est. » Note 2

« L’ami aime en toute circonstance, et dans le malheur il se montre un frère ». La Bible, Proverbes 17 :17

Je suis de ceux qui pensent que nous avons besoin de ces trois types d’amitié : des compagnons du moment avec qui nous aimons sortir, des voisins et des pairs avec qui nous échangeons des informations et des services utiles, et des « âmes-sœurs » auprès de qui nous pouvons nous épancher, élargir nos horizons et qui ont droit de parole dans nos vies. L’année dernière, ma sœur Anne-Estelle Dal Pont – aussi auteure du roman Les Déboussolés Anonymes – a écrit une Ode à l’amitié qui célèbre ces différentes amitiés.

>> Et vous, quel ami êtes-vous ? Et qui sont vos amis – amis d’activité, amis utiles, amis « du bien » ? Pensez-vous à les remercier pour leur présence ?

 

3.     Les amitiés numériques

La question se pose dans notre monde actuel : qu’en est-il des « amis Facebook » et autres followers de nos réseaux sociaux ? Dans un monde où l’on se déplace de plus en vite, de plus en plus loin, qui finalement sont nos amis ? Esr=t-il possible de créer de « vraies » amitiés sans jamais se rencontrer ?

Si l’on reprend la classification d’Aristote, cela semble possible pour les amitiés du plaisir (partenaires d’un même jeux vidéo, discussions régulières sur un forum autour d’une passion commune) et les amitiés utiles (échanges chaleureux d’informations par visioconférence avec un collègue à l’autre bout du monde ou dialogues réguliers avec un expert que nous admirons). Mais une amitié profonde est-elle possible, entièrement à distance ?

« La plupart des psychologues le confirment : si la présence physique de l’interlocuteur n’est pas indispensable, elle est irremplaçable » Note 4

Le danger de la déception des relations 100% à distance est double : premièrement, l’absence nous permet à soi et à l’autre de se créer un personnage et d’interagir avec. Si l’on apprend à connaître le masque que l’autre nous présente, en lui présentant notre masque fait sur mesure, les personnes réelles qui se cachent derrière ces masques peuvent n’avoir que peu de choses en commun. Deuxièmement, les relations à distance peuvent nous isoler des « vraies gens » – ceux qui sont autour de nous – nous empêchant d’être pleinement dans l’ici et le maintenant. Dans un monde de plus en plus connecté et numérique, la crise du Covid nous rappelle que finalement, nous avons besoin de parler à de vraies personnes, que nous pouvons voir, toucher, écouter.

>> Et vous ? Avez-vous des amis numériques et des amis de « la vraie vie » ? Quelle est leur place dans votre vie ?

 

 4.     Les amitiés asymétriques

J’aimerais dire un mot ici sur différentes catégories de personnes que nous appelons – et considérons – parfois comme étant des amis, mais dont la relation est asymétrique. Une relation asymétrique, c’est une relation où les deux parties ne sont pas traitées de la même manière. Certaines relations asymétriques sont considérées saines : la relation enseignant-apprenant, parent-enfant, mentor-apprenti, etc.

Mais si l’on reprend la définition de l’amitié présentée en ce début d’article, la réciprocité, l’affection et le choix des personnes sont au cœur de ce qu’est l’amitié. Si l’un de ces 3 élément manque, alors vous êtes peut-être dans une « non-amitié ».

Il y a les « amis-vampires » qui vous pompent votre énergie, vos sous et parfois même votre bonne humeur. Les « amis-intéressés » qui vous laissent tomber dès qu’ils ont trouvé mieux, plus riche, plus beau, plus cultivé ou avec une meilleure position sociale. Les « amis-qui-vous-prennent-pour-leur-psy » qui parlent, et parlent, et parlent et ne vous laissent pas en placer une. Les « amis-célébrités » que vous admirez mais qui discrètement vous rabaissent et vous utilisent comme faire-valoir, alors que vous dédiez votre vie à les justifier par leur brillance. Les « amis-ennemis », ces personnes qui vous font concurrence mais en présence de tierce personnes vous feignez l’entente à coup de faux sourires, de compliments empoisonnés et de coups de couteau dans le dos. Les « amis-obligés » qui sont ces amis d’amis que l’on se sent obligé d’accepter dans sa vie, certains membres de sa famille, les collègues relous… Et puis tous ceux qui nous agacent ou nous ennuient, mais que, pour une raison ou une autre, nous considérons comme des amis.

>> Et vous, reconnaissez-vous certains de vos proches – ou vous-même – dans l’un de ces profils ? Qu’allez-vous en faire ?

 

 5.     Créer et entretenir des relations d’amitié

Nous ne sommes capables d’entretenir des relations sociales qu’avec 150 personnes environ. Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’anthropologue Robin Dunbar qui a longuement étudié la question. Pour certains, cela fait beaucoup ; pour d’autres – qui viennent de grandes familles ou qui ont une vie sociale très riche – c’est peu. Que le chiffre de 150 soit juste ou non, il est évident que notre temps est limité et que nous ne pouvons en accorder qu’une petite partie à nos proches. Ce qui veut dire que lorsque de nouvelles personnes entrent dans notre vie, il est fort probable que d’autre en sortent. L’amitié est donc un concept mouvant, et ce n’est pas plus mal.

L’endroit où l’on vit, les activités étudiantes ou professionnelles, les passions que nous décidons de partager, le statut familial, les communautés de foi dont nous faisons partie… toutes ces choses sont amenées à changer. Nous quittons des amis, nous en rencontrons de nouveaux.

Alors, justement, comment les créer, ces amitiés ?

Les amitiés se construisent, demandent de l’intentionnalité et elles sont amenées à évoluer. Généralement, le contact se fait par une activité commune où l’on est amené à se côtoyer. Puis la relation débute : on fait une blague, on pose une question, on parle de son week-end, d’un article que l’on a lu ou autre, et en fonction des réponses de l’autre se dessine une potentielle relation. Puis vient le temps d’aller boire un verre ensemble, ou une invitation à un anniversaire. Peu à peu la confiance s’établit, et l’on partage des choses de plus en plus personnelles, profondes, vulnérables. Certains amis restent à un niveau superficiel, d’autres deviennent des confidents.

« Ce sont les confidences, réciproques et appropriées, qui vous conduiront par la voie la plus directe à l’intimité »

A la lecture de cet article, je ne peux que vous encourager à remercier les amis qui sont autour de vous, et à oser aller vers l’Autre. Il y a tant de belles rencontres à faire !

 

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Ketsia Bonnaz

Ketsia Bonnaz

Coach, Formatrice, Consultante

 « Développer les potentiels » est ma passion… et mon ambition.

J’aime être catalyseur de développement, qui permet de passer de l’idée à la réalité.

Je vous accompagne à déterminer où vous êtes, où vous désirez aller, et passer de l’aspiration à l’action. Le coaching, la formation et la consultance me permettent de puiser dans des méthodologies et des outils variés afin d’aborder chaque situation avec créativité, et vous proposer des solutions adaptées et pertinentes.

 Je suis à votre écoute, en alignement avec mes valeurs d’intégrité, de respect et d’espoir.

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