J’ai écrit cette lettre en réponse à la question d’une jeune fille sur la manière d’entrer en relation avec les gens. Loin d’être une experte sur la question, j’y partage quelques conseils pour créer du lien, qui vous seront peut-être utiles :
Chère Elise*,
L’autre soir au téléphone avec ta mère, j’ai mentionné en passant que j’avais réalisé il y a peu de temps que j’avais de la facilité à créer des relations. Cela m’avait surprise, parce que j’étais assez timide quand j’étais enfant, et qu’il me manque encore parfois une partie des codes sociaux. Puis j’ai réalisé qu’avec tous mes voyages, dans les endroits où j’ai vécu, avec la diversité de mes clients… finalement, j’arrivais assez facilement à créer du lien avec les gens. Ta maman m’a tout de suite dit : il faut que tu donnes des leçons à Elise!
Tu n’étais pas loin et tu as entendu cette conversation. Tu as rigolé. Moi un peu moins, parce que je ne me sens pas du tout légitime pour donner ce type de leçons, j’ai encore tellement à apprendre. Mais je me suis dit que cette lettre pourrait peut-être t’aider, alors je vais te partager quelques idées qui me sont venues à l’esprit.
Te donner les moyens d’entrer en relation
Premièrement, c’est une question de volonté. Des gens autour de nous il y en a plein, pour un peu qu’on sorte et qu’on se donne l’occasion de rencontrer des gens différents dans différents contextes. Si tu restes toute la journée dans ta chambre, tu auras peu d’occasions de rencontrer du monde. Mais si tu vas régulièrement te balader, que tu lis sur un banc dans un lieu public au lieu de rester chez toi, que tu participes à une activité sportive, que tu sors le chien, ou autre, alors tu rencontreras plus souvent des personnes variées, avec qui tu peux essayer de créer du lien.
Mais si on a tout le temps notre nez dans notre smartphone (je sais que ce n’est pas encore un problème pour toi), dans notre bouquin (là je sais que ça te parle) ou dans nos pensées, alors on ne voit jamais vraiment les gens autour de nous. Pour qu’un contact se fasse, il faut se regarder, et se parler. J’aimerais t’inviter ici à faire attention dans les lieux publics à ne pas être tellement captivée par autre chose que tu loupes les gens autour de toi.
Trouver des points communs
Ensuite, il faut trouver des points communs. Quand j’ai commencé à me forcer à parler avec des inconnus, j’ai commencé par identifier les personnes avec qui j’avais l’impression d’avoir quelque chose en commun : un vêtement de la même couleur que moi, quelqu’un de la même tranche d’âge, quelqu’un qui est en train de lire un livre en papier (je déteste lire sur les écrans), quelqu’un qui a l’air aussi agacé que moi de la lenteur de la file d’attente, ou juste quelqu’un qui est là pour la même raison que moi (covoiturage, salle d’attente du médecin, etc.)
Ce qui est super, c’est qu’en identifiant un point commun, j’identifie en même temps un sujet de conversation ! Et parfois, pas besoin de chercher bien loin : quand je suis dans un groupe inconnu, je repère facilement une ou deux personnes un peu en retrait qui ont l’air encore plus mal à l’aise que moi – c’est un super point commun 😉 !
Enclencher le contact
L’étape d’après, c’est d’engager la conversation. Je sais que ce n’est pas facile, surtout lorsque l’on est jeune. Mais je te rassure, ça devient plus facile avec l’expérience ! Comme je viens de te le dire, pour créer du lien il suffit de trouver un tout petit truc en commun avec les gens et de poser une question toute simple :
- Donner un compliment sincère – « J’aime beaucoup vos boucles d’oreille, elles viennent d’où ? »
- Faire un commentaire sur le lieu où vous êtes – « Les brioches à la praline dans cette boulangerie sont vraiment bonnes, vous avez déjà eu l’occasion de les goûter ? »
- Se plaindre un peu – « Quelle surprise, le train est en retard… ça fait combien de temps que vous attendez ? »
- Poser une question légitime – « C’est bien à ce bureau qu’il faut faire mon inscription ? »
Là, on initie le contact, et parfois la première conversation se fait avec les yeux ! Je me souviens d’un trajet en train. Nous n’étions pas très nombreux dans la rame et il y avait une dame un peu âgée qui racontait sa vie au téléphone, suffisamment fort pour que l’on connaisse les horaires de ses cours de tricots et son inquiétude pour la vie sentimentale de sa petite-fille. Elle dérangeait tout le monde. Mon regard a croisé celui d’un homme assis en face de moi quelques sièges plus loin, et sans dire un mot, nous sommes passés d’un partage d’agacement au rire. Puis d’autres passagers nous ont rejoint dans cet échange silencieux, et en l’espace de quelques minutes, toute la rame suivait passionnément chacune des phrases de la vieille dame en réagissant passionnément à chacune de ses phrases. Quelques commentaires ont fusé et nous avons été pris de fous rires. Lorsque la dame a raccroché, nous l’avons tous applaudis. Parfois, les mots ne sont pas nécessaire pour créer une connexion avec les gens.
Souvent dans notre vie quotidienne, ce niveau de bavardage est suffisant : montrer aux gens qu’on voit qu’ils existent, partager un petit peu de notre humanité, puis continuer notre chemin. Cela m’arrive très souvent dans une file d’attente, dans un transport en commun, en entrant dans un lieu publique, un lors d’un échange avec un serveur. Mais je réalise que cela n’arrive que lorsque je suis disponible. Si j’ai la tête ailleurs, il ne se passe rien de plus qu’un « bonjour » poli (ce qui est déjà bien).
Engager la conversation
Mais parfois, on aimerait connecter un peu plus, ou un peu plus longtemps. Ça peut être lors d’un voyage, quand je croise un voisin dans l’escalier, ou que je vois régulièrement une personne à la médiathèque qui a l’air sympa. C’est là qu’entre en jeu la magie de trois choses : des bonnes questions, une écoute sincère et des histoires à raconter. Je sais que tu es une jeune fille curieuse, pleine de connaissances, et très bavarde. Tu es totalement capable de converser, d’exprimer ce que tu penses, de raconter des expériences et des histoires. Ce sont de sacrés atouts. Mais c’est avant tout ta capacité à te décentrer, à t’intéresser à l’autre, qui fera que l’autre aura envie de continuer à parler avec toi. Ne sous-estime jamais le pouvoir des questions, de l’écoute, et d’une bonne histoire à raconter !
- Pose de bonnes questions : intéresse-toi vraiment à l’autre, sans être intrusive en posant des questions qui l’invite à parler un peu : parle de météo, du lieu de vie de l’autre, d’une série ou d’une musique qu’ils aiment, d’un lieu visité qui les a marqués, demande-leur une recommandation pour une activité…
- Ecoute vraiment, pas seulement avec tes oreilles mais avec ton corps : les hochements de tête, sourires, encouragements sont toujours les bienvenus. N’hésite pas à poser une 2ème puis une 3ème question si ce que la personne dit t’intéresse et qu’elle semble apprécier la conversation.
- Puis partage ton histoire à toi. « Cela me fait penser à… », « Moi aussi j’aime… » La relation va dans les deux sens et si vous arrivez à rire, alors vous avez tout gagné !
Il y a quelques années, alors que j’étais au Népal, je me suis retrouvée à sympathiser avec un jeune couple d’Iraniens qui partageaient le même hôtel que moi. Un après-midi nos yeux se sont croisés, on s’est salué de loin (tu sais, le petit hochement de tête qui dit bonjour poliment). Le lendemain je prenais mon petit déjeuner et je les ai vus arriver, je leur ai proposé de s’asseoir avec moi. On a bavardé. Le soir on a bu un verre ensemble, en se racontant notre journée de tourisme. Et ils me disent qu’ils vont faire un roadtrip à moto en Europe quelques mois plus tard. J’ai eu l’occasion de les inviter à passer quelques jours chez moi en France ! Je sais que si un jour de souhaite aller en Iran (pas tout de suite, je te rassure), j’ai deux amis qui m’accueilleront et prendront soin de moi. Une super connexion qui a commencé tout simplement.
Pour finir…
J’aimerais finir cette lettre par deux pensées :
Attention, tu ne peux pas forcer quiconque à te répondre (quoique la politesse voudrait que si, un peu quand même), et encore moins à vouloir t’accorder du temps et de l’attention ! Tout ce que je viens de te partager doit se faire dans le respect de l’autre. Si les gens t’ignorent, te tournent le dos ou ne répondent que par monosyllabes, laisse tomber et passe à autre chose, ce n’est vraiment pas grave. Au pire ça fait plouf, mais ça en vaut largement la peine pour toutes les fois où ça va marcher !
Et puis, je ne sais pas quelle est ta conception de l’amitié, mais c’est souvent comme cela qu’elle débute. On ne sait jamais à l’avance le potentiel de connexion que l’on peut avoir avec les gens. Mais toutes les relations débutent avec un premier échange, un ou des points communs, un premier contact, une première conversation… puis continue avec le temps, s’approfondit, prendre plus de consistance et d’importance.
Si la question de l’amitié t’intéresse, j’ai écrit un article à ce sujet qui s’appelle « L’amitié », tout simplement.
Je vais m’arrêter là. J’espère que cette lettre t’aura été utile, avec des choses concrètes que tu peux mettre en place. On en rediscute la prochaine fois qu’on se voit, ou par téléphone si tu veux. J’ai hâte d’entendre tes petites expériences de création de lien !
Bises
Ketsia
Note : le prénom a été modifié.
Crédit photo : Pixabay.com
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