Dans un monde bruyant, connecté, mouvementé, le silence est souvent vu comme une perte de temps, une inutilité. Et pourtant, dans toutes les époques et toutes les sociétés, le silence est porteur de vertus. Je vous invite à une pause, silencieuse si possible, pour découvrir cela ensemble dans cet article.
Article de Ketsia Bonnaz, publié le 03 avril 2024.
1. Faire une pause, une nécessité
Notre société occidentale est saturée de sollicitations à tous les niveaux : les villes sont bruyantes, l’air est épais, les publicités visuelles sont omniprésentes, les lieux publics diffusent de la musique… et à cela s’ajoutent nos écrans personnels et un scrolling pas toujours contrôlé, et nos écouteurs pour couvrir de musique ce bruit ambiant.
Notre rythme de vie aussi est intense : il faut courir au travail, s’échiner 7 à 9h par jour, revenir s’occuper des enfants, faire du sport, se nourrir (on est Français donc on cuisine encore un peu), sortir avec les amis parce qu’il nous la faut cette vie sociale. On prend le métro, le train, l’avion pour couvrir des distances phénoménales. Et dès qu’on a un peu de temps de libre, on planifie des escapades, des vacances, des sorties entre potes, où il faut souvent en faire le plus possible dans le peu de temps dont on dispose.
J’exagère ?
Peut-être. Mais peut-être pas.
Il n’y a que très rarement de pauses. De vraie pause. Où le rythme ralentit, où les sollicitations s’arrêtent, où nos sens ne sont pas sollicités de toute part. Et pourtant nous en avons besoin de ces pause. Pourquoi ? Et bien je vous propose d’en découvrir certains éléments avec moi.
>> Je vous invite dans cet article à considérer les vertus de la pause, du silence. J’espère être suffisamment convaincante pour que vous tentiez cette aventure !
2. Ralentir pour respirer… et créer
Être moins sollicité, retrouver le goût des choses simples. Accepter de ne pas tout contrôler ou tout du moins de mettre en pause les diktats du quotidien. S’octroyer le droit à la non-productivité.
Lorsque j’ai écrit ce mot, « non-productivité », j’ai frémi. Je suis une Extravertie, j’ai besoin de mouvement, d’action dans ma vie. Je suis aussi une entrepreneuse bosseuse et j’ai découvert – après maintes tentatives pour moins en faire – que mon équilibre se situe à la limite de la submersion. C’est comme ça, j’ai appris à l’accepter. La productivité est l’un de mes mots d’ordre. Et pourtant, j’apprends à savourer le silence et le non-action.
C’est parce qu’il nous fait souvent peur qu’on le fuit. Peur du vide. Peur de louper quelque chose d’important dans un monde en perpétuel mouvement. Peur de perdre un temps qui est précieux. Peur d’être jugé aussi, ne sommes-nous pas évalués à la manière dont nous brassons du vent ? Peur de faire face à ce qu’il y a à l’intérieur de nous (on en parle juste après).
Pourtant, savourer c’est justement prendre le temps de se concentrer sur une chose. Faire taire les autres bruits, les sollicitations, l’élan intérieur qui veut faire, faire, faire.
Savourer. Admirer. Respirer.
S’emplir de vide, un vide étonnamment fertile puisqu’il permet de faire abstraction du quotidien pour laisser place à d’autres choses. Des pensées furtives fraîches et nouvelles, une rêverie éveillée qui dépose une idée nouvelle, une problématique qui prend un jour différent et pour laquelle se dessine une solution sortie de nulle part.
C’est dans l’un des moments les plus intenses de ma vie, alors que je menais une intervention d’urgence humanitaire suite au passage d’un cyclone à Madagascar, que j’ai découvert la vertu du « rien », et du silence. Durant 4 semaines, j’ai visité des villages avec mon équipe, 3 jours par semaine. Sac à dos, je n’emportais que le strict minimum. Mon ordinateur portable faisait partir du voyage et je profitais de chaque seconde de batterie pour avancer dans mon travail gigantesque. Après des heures de marche pour atteindre les villages, 4 ou 5h de travail productif, la batterie mourrait le premier soir sans espoir de recharge. Le lendemain, je passais la journée assise sur un banc, dans une interminable réunion avec les villageois qui palabraient dans une langue que je ne comprenais pas. Armée d’un carnet et d’un stylo, je laissais mes pensées divaguer. Dans une saison où je n’avais pas le luxe de « perdre » 3 jours de travail par semaine, j’ai découvert que « perdre mon temps » me permettait d’en gagner. Mes pensées m’ont conduite, sans que je ne le cherche, à imaginer des solutions, anticiper des problèmes, organiser mon temps d’une manière bien plus efficace. Mon esprit était reposé, ma créativité a pu s’exprimer.
>> Comment allez-vous réintégrer des espaces de silence dans votre monde, un temps de tranquillité, sans écran à regarder, sans livre à lire, sans musique à écouter ? Juste être, profiter, respirer…
3. Être à l’écoute de soi-même
Lorsque l’on enchaîne, que l’on court, qu’il y a toujours un écran à regarder, un livre à lire ou de la musique dans nos oreilles, on ne prend pas la peine de savoir ce qui se passe au fond de nous.
Que nous dit notre corps ? Nos émotions ont-elles un espace pour s’exprimer ?
Parfois, on sait que ce qui s’exprimerait si on s’écoutait, ce serait de la souffrance, ou du vide, ou peut-être du dégoût sur un désalignement entre notre vie et nos valeurs.
Le rythme effréné nous permet ainsi de nous cacher derrière l’activisme. On arrive à couvrir le bruit de nos voix intérieures, on se réfugie derrière un esprit battant pour justifier de ne pas s’écouter. Il faut faire. Mais où est l’être ?
Je me rappelle très bien ce mois de juillet. Pendant 18 mois, j’avais géré des crises en continu, l’une se succédant à l’autre. Et puis le rythme s’est ralenti, le silence est revenu. Et pour la première fois en 18 mois, je me suis entendue. Je n’avais pas besoin de faire des efforts d’écoute, mon être entier criait. J’étais malheureuse et je ne m’en étais pas rendue compte. Il fallait me sortir de là et c’est ce à quoi j’ai employé mon énergie par la suite.
Alors oui, cela peut être douloureux, effrayant, éprouvant. Mais c’est important de s’écouter, non ? Après la première vague déstabilisante, il y a des trésors à déterrer, trésors de profondeur, de vulnérabilité précieuse, d’envies nouvelles, de vérités à trouver.
>> Alors je renouvelle mon invitation à faire silence, même pour peu de temps, laisser les pensées divaguer, les noter sur un carnet si besoin (pitié, pas sur votre Smartphone qui vous enterrera à nouveau sous un flot de sollicitations et de notifications). Prenez le temps de vous écouter.
4. S’ouvrir au divin
Je n’en parle pas beaucoup dans mes articles, pourtant la spiritualité est considérée comme un élément nécessaire à l’être humain. Et je peux en témoigner.
Ce n’est pas un hasard sur la majorité des religions et spiritualités – peut-être toutes ? – donnent de la valeur au silence. Il est non seulement porteur de créativité, de renouvellement personnel et d’une reconnexion avec soi-même. Mais il et aussi une porte ouverte au divin :
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- Une voie vers la sagesse, qui permet d’arrêter le flux d’informations extérieure pour écouter ce qu’il y a derrière le réel, pour recevoir une révélation au-delà du naturel ;
- Un dépouillement du superflu, une épuration de l’accumulation (de biens matériels, de paroles, d’informations, de choses à faire) pour un recentrage sur l’essentiel ;
- Un décentrage de soi, des choses à faire, de ses problèmes, de ses inquiétudes pour porter les yeux vers l’au-delà.
La voix du divin est souvent ténue, elle demande de l’attention pour être captée. Et pourtant, elle en vaut la peine, parce qu’elle donne du sens, de la force, une direction.
>> Alors à vos marques, prêt, arrêtez !
Crédit photo : pixabay.com
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