Perfectionnisme et apprentissage

Le perfectionnisme, je connais bien. Il m’aide parfois, il me pourrit la vie à d’autres moments. Cet article concerne toutes celles et ceux qui se sentent bloqués par leur désir de faire – et d’être – irréprochables en toute circonstance. Je lui oppose l’apprentissage. Pourquoi ? Parce qu’apprendre c’est se rendre vulnérable, tâtonner, ouvrir la possibilité à l’échec pour comprendre, construire, avancer, se dépasser.

J’ai écrit cet article sous forme d’une lettre que j’ai réellement écrite à une adolescente de mon entourage, et que j’adapte ici pour vous.

 

Article de Ketsia BONNAZ, publié le 30 juin 2022.

 

Ma chère Alice,

Comme je te le disais dans ma dernière lettre, il y a d’autres points qui m’ont interpellée lorsque tu m’as partagé ta peur d’avoir de mauvaises notes à l’école. J’ai pensé à deux choses et je prends le temps de te les écrire ici :

La pression du perfectionnisme

Je me demande : d’où vient cette pression de la réussite que tu ressens ? Je sais qu’elle ne vient pas de tes parents qui t’acceptent comme tu es et qui t’encouragent au meilleur sans en faire tout un plat. Vu tes bonnes notes je ne pense pas que cette pression ne vienne non plus de l’école. Tes copains, je n’en sais rien et j’espère qu’ils n’entretiennent pas cette fixation sur la perfection. Les médias et réseaux sociaux peuvent avoir une influence énorme mais je pense que leur message porte sur d’autres choses que la réussite scolaire – mais je me trompe peut-être.

Alors, d’où ça vient ?

Tu vois, je pense que la pression, elle vient de toi-même. Je pense que quelque chose en toi te pousse à toujours penser que ce que tu fais n’est pas assez bien, assez précis, assez parfait : ça s’appelle le perfectionnisme. Je le connais bien le perfectionnisme : il m’a volé de nombreuses heures de sommeil, il m’a enlevé ma joie dans bien des situations, il m’a maintenu le nez dans des bouquins ou des fichiers Excel pendant des jours alors que ce dont j’avais le plus besoin c’était de sortir prendre l’air et relâcher la pression.

Je ne dis pas que le perfectionnisme c’est mal, parce que cela permet de fournir du travail de qualité, de précision, avec une grande conscience professionnelle et on a besoin de gens consciencieux comme toi. Le problème c’est que tu dois être capable de l’utiliser quand tu estimes que c’est nécessaire, et le laisser au placard le reste du temps.

Parce que sinon il te bouffe : il t’enlève ta joie de vivre, il te fait prendre beaucoup de temps pour des choses qui pourraient être faites plus vite mais un peu moins parfaitement (et tout le monde serait content quand même), parfois il te fait te concentrer sur des détails et tu oublies les choses les plus importantes autour. Et je ne sais pas si ça t’est déjà arrivé mais dans le travail en groupe, le perfectionnisme peut te rendre super difficile à vivre parce que tu veux que les autres fassent les choses parfaitement comment toi tu le penses, mais eux ils ont leur propre manière de faire.

Alors, ma chère Alice, plus tôt tu apprendras à ne pas être « parfaite », et plus tu sauras profiter de la vie et de toutes les choses qu’elle peut t’apporter, même si elles sont imparfaites. Accepte que « bien », c’est suffisant, et que parfois le mieux et l’ennemi du bien (si jamais tu connais cette expression).

Apprendre à apprendre

Tu te rends bien compte aussi qu’en tant qu’élève, tu es dans un processus d’apprentissage : il y a des choses que tu ne connais pas, que petit à petit tu commences à mieux comprendre, tu fais des exercices et des essais pour savoir comment utiliser la nouvelle chose que tu viens d’apprendre, et ensuite il y a une évaluation qui te permet de savoir si tu as bien tout compris ou non.

J’aimerais te dire deux secrets : premièrement on continue d’apprendre toute sa vie.

Et deuxièmement, tu n’auras jamais tout compris !

Et si tu veux mon avis, c’est tant mieux comme ça ! Parce que même si tu as 20/20 à chacune de tes évaluations, ce n’est pas seulement la connaissance qu’il est important d’apprendre, c’est aussi la manière dont tu vas utiliser ce que tu sais lorsque tu en as besoin, et comment tu vas communiquer cette mise en pratique. On parle ici de savoir, savoir-faire, et savoir-être.

Car vois-tu, Alice, savoir apprendre est aussi important que savoir. Si tu sais apprendre, tu seras en mesure de creuser n’importe quel sujet, que ce soient les langues dragon ou la physique quantique, les techniques de théâtre ou le codage informatique.

Apprendre à apprendre, cela demande forcément d’échouer parfois. Si on reste toujours dans sa zone de confort, on ne progresse pas ! Pour avoir du succès, il faut être prêt à tenter de nouvelles choses, à prendre des risques. Et surtout à avoir le courage de regarder à ses erreurs pour les comprendre : est-ce que tu as bien compris la consigne, est-ce que c’est juste une erreur d’inattention, est-ce que c’est un manque de précision, as-tu cherché les informations au bon endroit, avais-tu compris les concepts qui te sont demandés, as-tu été trop vite ou au contraire tu n’as pas eu assez de temps, etc. Si tu comprends où tu t’es trompée, alors tu seras en mesure de rectifier et faire mieux la fois d’après.

« Je ne perds jamais… »

Je vais finir avec cette phrase de Nelson Mandela qui a dit : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. » Nelson Mandela est cet homme d’Afrique du Sud qui a passé 27 ans de sa vie en prison, parce qu’il s’opposait au pouvoir injuste de son époque. 27 ans, tu imagines ? Quand il en est sorti il avait 71 ans, ce qui est bien plus âgé que ton grand-père ! Même lui a considéré que ces 27 ans n’étaient pas un échec parce qu’il en a appris beaucoup sur lui, sur le monde, et sur la manière dont il allait complètement changer l’histoire de son pays.

Chère Alice, je te souhaite de ne jamais considérer ta vie et tes choix comme des échecs finaux. Il y a toujours moyen d’apprendre – sur le monde et la connaissance, sur toi, sur les autres et nos interactions – de progresser, de mieux faire et de mieux profiter. Alors ta vie sera plus riche – pas de bonnes « notes », mais riches de rencontres, d’aventure, de satisfaction. Crois-en mon expérience de perfectionniste en rémission.

Je t’embrasse,

Ketsia

 

Crédit photo : pixabay.com

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Ketsia Bonnaz

Ketsia Bonnaz

Coach, Formatrice, Consultante

 « Développer les potentiels » est ma passion… et mon ambition.

J’aime être catalyseur de développement, qui permet de passer de l’idée à la réalité.

Je vous accompagne à déterminer où vous êtes, où vous désirez aller, et passer de l’aspiration à l’action. Le coaching, la formation et la consultance me permettent de puiser dans des méthodologies et des outils variés afin d’aborder chaque situation avec créativité, et vous proposer des solutions adaptées et pertinentes.

 Je suis à votre écoute, en alignement avec mes valeurs d’intégrité, de respect et d’espoir.

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4 Commentaires

  1. ROBERT Dominique

    C’est très juste. Bravo, Ketsia, et merci du partage !

  2. De Tarragon

    Merci beaucoup pour cet article, je me lance dans l’auto entreprenaria et lire ses lignes me font beaucoup de bien, on apprend toujours. Merci Ketsia pour cet article

  3. Loulia

    « Le mieux est l’ennemi du Bien »

    Le perfectionnisme peut amener à tant de culpabilité, d’indécision et de déprime.
    Je réalise par ton article, ma tendance au perfectionniste, par des phrases comme « je dois, il faut, je suis incapable de, je suis nulle, j’aurais dû mieux faire, si seulement… »

    Merci pour ton article

  4. Ketsia

    Je me réjouis que cet article vous soit utile. Vive le « suffisamment bien »!

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