La peur de l’échec

Ah l’échec, on ne l’aime pas. Que ce soit dans nos projets professionnels, un élan vers une nouvelle passion, le risque d’une nouvelle relation, un changement de vie… il y a tant de choses pour lesquelles nous nous limitons parce que nous avons peur de l’échec.

Dans cet article, je vous propose une forme un peu différente : celle de la lettre. Il s’agit d’une vraie lettre que j’ai écrite pour une adolescente de ma connaissance, bien qu’évidemment j’en ai ajusté certains éléments afin de respecter sa vie privée. Ainsi, même si le langage et le contexte sont spécifiques à ce que peut rencontrer une jeune fille, je pense qu’elle peut parler à beaucoup, y compris à moi-même parce que mes bons conseils, croyez-moi, j’en ai bien besoin aussi !

Article de Ketsia BONNAZ, publié le 24 juin 2022.

 

Ma chère Alice,

L’autre jour, tu m’as dit que tu avais peur d’avoir de mauvaises notes à l’école. Cela m’a beaucoup surprise parce que tu réussis particulièrement bien : tes notes sont excellentes, tu es sérieuse dans ton travail, les professeurs n’ont rien à redire à ton comportement… Bref, tu es une élève-modèle.

Alors pourquoi as-tu peur de rater quelque chose ?

J’espère avoir l’occasion d’en parler avec toi bientôt mais en attendant, mon cerveau de coach mouline ce que tu m’as dit. Parce que tu vois, la peur de l’échec, je l’ai vécue et je la vis encore parfois. Et cela me rend triste que si jeune tu en sentes le poids sur tes épaules.

Pour réussir, il faut essayer

J’aimerais commencer en te posant une question : ça veut dire quoi pour toi « échouer » ? Est-ce que c’est la peur d’avoir des mauvaises notes, c’est lié à la peur de te tromper, la peur que quelqu’un te juge, la peur d’être rejetée si tu n’es pas irréprochable ?

Je te propose une illustration. Tu te rappelles quand ton petit frère a appris à marcher ? Il voyait bien que les hommes marchent debout sur deux jambes, et depuis ses quatre-pattes, il a dû se demander comment c’était possible. Alors il a commencé à se mettre debout en se tenant. Puis il a essayé de lâcher une petite seconde. Au début il est tombé tout de suite. Mais après le choc et quelques pleurs, il a retenté. Tu imagines s’il s’était dit :

Oh là là, j’ai échoué alors que tous les autres réussissent, eux. Je suis nul, jamais je n’y arriverai, en plus ça fait mal d’essayer donc j’arrête.

Je sais, c’est un peu ridicule d’imaginer ton frère de 11 mois avoir ce discours (surtout avec ses quatre dents qui se courent après…) Mais j’espère que tu comprends où je veux en venir. Il a échoué, il a eu mal, et il a retenté. Encore. Et encore. Et encore. Il a essayé différents angles d’approche, différentes techniques. Et au fur et à mesure il a pris de l’assurance.

En plus tout le monde l’encourageait et se réjouissait (parfois bruyamment) de ses petits progrès. Mais même lorsque ses premiers pas ont enfin été faits (sous les larmes émues de sa mère et les applaudissements de son père) c’était encore très fragile et ses jambes étaient couvertes de bleus. Mais il a fini par y arriver et désormais il court de partout, si possible fesses au vent 😊.

Encourager les petits débuts

Je sais que malheureusement en grandissant, on arrête trop souvent d’encourager ceux qui veulent faire de nouvelles choses et on a tendance à critiquer et rabaisser ceux qui se trompent et qui tombent. On se moque tellement facilement de ceux qui marchent un peu bizarrement… !

Tu vois, dans le système scolaire, dans le monde du travail, et même dans nos relations à la maison et avec nos amis, on a perdu notre enthousiasme à célébrer, nous réjouir et donner de l’impulsion à ceux qui veulent progresser.

Et c’est tellement dommage, parce qu’on a l’impression que pour tout, c’est comme si on devait passer de « je ne sais pas » à « je fais parfaitement », comme si les enfants se réveillaient un beau jour et marchaient debout avec assurance alors qu’ils rampaient encore le jour précédent. C’est une illusion !

Trop souvent dans les livres d’histoire et dans les biographies des personnes célèbres on met en avant leurs succès. Mais il n’y a jamais de succès sans échecs à certains moments. Savais-tu que Thomas Edison avait échoué des milliers de fois avant de trouver le bon équilibre pour créer l’ampoule électrique ? Des milliers d’ampoules qui explosent les unes après les autres, des mois de travail. Mais il savait que, d’une manière ou d’une autre, il allait trouver une solution. 

Ce que l’échec nous apprend

Il y a un homme qui s’appelle Charles Pépin qui a écrit un livre qui s’intitule Les vertus de l’échec. Il est peut-être encore un peu compliqué pour toi, mais dans ce livre il célèbre les échecs. Oui, tu as bien lu, il dit qu’il faut se réjouir quand on se plante, que ne pas tout réussir est une très bonne chose parce que :

  • Cela nous rend plus combatifs, plus persévérants
  • Cela nous rend plus « sages » : échouer nous permet d’analyser ce que l’on fait, pourquoi on le fait, et développer notre humilité
  • Cela nous rend plus disponibles pour d’autres choses, parce que parfois on aimerait s’entêter dans des chemins qui ne sont pas pour nous, et le fait de ne pas réussir permet de mieux nous orienter.

Tu es encore jeune et ces différents points ne te parlent peut-être pas beaucoup, mais crois-moi, ils sont très importants. Parce que l’endurance, la capacité d’analyse, l’humilité, et le discernement sont des qualités très, très utiles tout au long de la vie. Alors autant les apprendre le plus tôt possible !

Je ne sais pas si je te l’avais déjà dit, mais j’étais une bonne élève en classe. Et je me rappelle très clairement certaines mauvaises notes que j’ai eues, combien je me suis sentie nulle, ébranlée, triste et insécurisée alors que c’était juste 1 mauvaise note, ce n’est pas moi qui étais mauvaise ou nulle. Mais je me rappelle aussi que j’ai beaucoup plus appris de ces « échecs » que de toutes mes bonnes notes : j’ai appris à travailler plus efficacement, j’ai appris qu’on ne peut jamais être totalement parfait, j’ai appris à mieux comprendre et avoir compassion de ceux qui galèrent un peu plus dans le système scolaire qui n’est pas fait pour tout le monde, j’ai appris à valoriser les manières différentes de faire les choses (parce que d’autres avaient réussi mieux que moi). Et parfois c’est juste que j’avais atteint des limites et j’ai ainsi appris à mieux me connaitre

Il y a pire qu’échouer

Et puis, j’ai une deuxième question pour toi : qu’est-ce qu’il y a de pire que d’échouer ?

 

Je te laisse réfléchir un peu.

 

Les gens disent que le pire, c’est de ne pas tenter. Qu’on a souvent plus de regrets de ne pas avoir réussi à dépasser sa peur de perdre, que d’avoir perdu. C’est plus frustrant de rester paralysé par la peur, les doutes, le regard des autres, etc. que de décider, d’essayer, se lancer et assumer.

Alice, tu auras plus de joie dans la vie à te voir refuser une formation ou un emploi, plutôt que d’être resté dans ton quotidien qui te déplait. Ce sera moins douloureux d’oser aller vers une personne que tu ne connais pas mais qui te semble intéressante que rester seule dans ton coin. Si tu fais la grimace en goûtant un nouveau plat, cela reste tellement plus intéressant que toujours prendre la même chose ! A partir du moment où tu sais respecter le fait qu’on te dise non sans t’effondrer dans ton identité, va demander !

 

J’ai encore plein de chose à te dire mais je t’enverrai cela dans une prochaine lettre. Donc ma conclusion, chère Alice est la suivante : tu es une jeune fille intelligente, débrouillarde, avec un cœur immense. Cela ne fait aucun doute que tu as tout ce qu’il te faut pour te tracer le chemin que tu désires. Juste, ne laisse pas la peur de l’échec te bloquer. Au contraire, accorde-toi le droit d’échouer, pour mieux apprendre et pour mieux avancer. Célèbre les succès, ne te prends pas trop la tête avec les ratés, et surtout, surtout profite de cette vie ! 

A bientôt, bises,

Ketsia

 

Crédit photo : pixabay.com

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Ketsia Bonnaz

Ketsia Bonnaz

Coach, Formatrice, Consultante

 « Développer les potentiels » est ma passion… et mon ambition.

J’aime être catalyseur de développement, qui permet de passer de l’idée à la réalité.

Je vous accompagne à déterminer où vous êtes, où vous désirez aller, et passer de l’aspiration à l’action. Le coaching, la formation et la consultance me permettent de puiser dans des méthodologies et des outils variés afin d’aborder chaque situation avec créativité, et vous proposer des solutions adaptées et pertinentes.

 Je suis à votre écoute, en alignement avec mes valeurs d’intégrité, de respect et d’espoir.

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2 Commentaires

  1. Guitard

    merci. C’est un travail constant. Cela me fait du bien de me le rappeler.

  2. Joanne

    Voila un article qui remet les idées en place !
    Merci, ça fait du bien et c’est reboostant pour la suite.

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