Les « drivers », ces croyances qui nous influencent

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, face à une même situation, certains verront une opportunité et d’autres seront paralysés par la peur ? Nos réactions et prises de décisions sont grandement influencées par des croyances qui se sont construites au fil de nos vies. Dans cet article, je vous propose d’identifier et défier 5 croyances selon le modèle des « Drivers » de l’analyse transactionnelle.

Article de Ketsia Bonnaz, publié le 16 janvier 2023

 

De quoi parle-t-on ?

Pourquoi réagissons-nous comme nous le faisons ? Quels sont les filtres d’interprétation qui nous conduisent à percevoir le monde tel que nous pensons qu’il est, à prendre telle décision plutôt qu’une autre, à réagir intuitivement de manière si spécifique ? Récemment, nous avons eu des discussions avec plusieurs membres de ma famille sur un point précis de notre éducation, et j’ai été une fois de plus interpellée de constater que d’une même situation nous n’avions pas du tout perçu les mêmes choses, et que cela avait eu un impact significatif sur notre croissance et les choix que nous avons fait en tant qu’adulte.

Pourquoi ? Bien sûr, il y a nos différences de personnalité et d’expériences. Mais la manière dont nous interprétons ces expériences afin de trouver des repères dans le monde, c’est à cela que j’aimerais que nous regardions dans cet article. Les « drivers » (terme anglais signifiant « chauffeur »), sont comme des « conducteurs clandestins » qui influencent nos vies, qui nous poussent à interpréter les choses, ressentir des émotions et prendre des décisions de manière tout à fait inconsciente.

Ce concept issu du courant de psychologie nommé analyse transactionnelle* désigne ces messages qui nous conduisent malgré nous et que l’on a construit dans notre enfance pour nous assurer d’être aimé et acceptés. Le psychologue Taibi Kahler en a identifié 5 principaux : il y a Fais plaisir, Sois parfait, Sois fort, Fais des efforts et Dépêche-toi.

S’ils nous ont été bien utiles dans les premières années de notre vie, ces drivers le sont moins dans notre vie d’adultes, où nous sommes davantage en mesure de peser nos décisions et choisir plus intentionnellement la réponse la plus appropriée. Le problème, c’est que notre ou nos drivers sont là depuis si longtemps qu’ils se sont installés comme des vérités qui s’autoalimentent. D’où l’importance de les débusquer et de les remettre à leur juste place. C’est parti !

 

« Fais plaisir »

Laissez-moi vous présenter Placida la « Fais plaisir » : elle est prévenante et empathique, toujours à chercher le bonheur des gens autour d’elle, mais parfois au détriment de ses propres besoins. Placida est toujours souriante, elle ne dit jamais non, elle n’ose pas trop mettre de limite par peur de brusquer ou blesser, et elle a tendance à devancer vos besoins.

Je suis dans le cliché, j’en conviens, mais je n’ai pas pris mon exemple par hasard. Placida la Fais plaisir se retrouve particulièrement chez les femmes à qui l’on répète, depuis l’enfance d’être gentille, prévenante, aimante.

Ces choses ne sont évidemment pas mauvaises en soi, tant qu’elles sont contrebalancées par un « pense aussi à toi ». En effet, le risque principal d’une personne sous emprise du driver Fais plaisir, c’est de s’oublier et s’épuiser. En mettant en œuvre le message-antidote « Pense aussi à toi », sa propre dignité est rétablie dans l’équation : on réalise que nos ressources sont limitées, que l’on ne peut donner que de ce que l’on a, que nos propres besoins sont tout aussi valables que ceux des autres, et qu’il est impossible de plaire à tout le monde.

>> Si vous vous retrouvez dans le Fais plaisir, j’aimerais vous inviter à quelque chose de très simple : premièrement le reconnaître et réaliser quand c’est votre driver qui parle, puis considérer de ne pas tout de suite dire oui ou voler au secours des autres : prenez un petit temps de réflexion (cela peut être juste quelques secondes), posez-vous la question de savoir si vous avez les compétences, la responsabilité et l’envie de le faire, puis donnez une réponse claire.

Vous vous rendrez compte que souvent les autres sont aussi capables de résoudre leurs problèmes, et vous serez moins accablés !

 

« Sois parfait »

Je vous présente le Sois parfait que je connais personnellement bien (j’en parle dans l’article Perfectionnisme et apprentissage).

Pablo le soit Sois parfait est particulièrement apprécié dans son milieu professionnel puisque comme son nom l’indique, le Sois parfait et bien… il cherche à être parfait en tout point ! Pablo, c’est le collègue de travail rigoureux, qui reste au bureau après tout le monde pour finir son travail, qui vérifie tout 3 fois et produit un travail d’excellence, et en plus, il fait ce qu’il dit.

En revanche, c’est vrai, il a tendance à se perdre parfois dans les détails, à pinailler, il met la pression à tout le monde, il veut tout contrôler et il ne prend pas très bien les critiques. Parce que Pablo le Sois parfait est persuadé, de manière très inconsciente, que s’il est pris en défaut, il sera rejeté.

Voyez-vous, lorsque l’on vit sous la direction d’un driver, que ce soit le Sois parfait ou un autre, il peut être difficile de concevoir les choses différemment. Mais j’aimerais vous encourager : prendre conscience de ces croyances qui influencent notre comportement et notre prise de décision, c’est déjà un grand pas vers la liberté. Et qui dit driver, dit aussi message antidote qui peut, à force d’être répété par les autres et par soi-même, devenir une nouvelle réalité.

La liberté pour le Sois parfait, c’est réussir à se dire « Sois réaliste ». Être réaliste, c’est reconnaître que l’on ne maîtrise pas tout, que l’erreur est un passage obligé dans l’apprentissage et que nous avons tous des limites que notre condition humaine nous impose.

>> Une question très concrète et utile si vous vous reconnaissez dans le Sois parfait, c’est de vous demander qui exige de vous la perfection et ce que cela va vous apporter. Vous pourrez vous rendre compte que le mieux peut vraiment être l’ennemi du bien, et que la plupart des gens s’en fichent, que vous soyez parfaits.

Alors, respirez un grand coup, faites un pas de côté, et soyez réaliste !

 

« Sois fort »

J’aimerais vous parler de Florian le Sois fort : lorsqu’il était un petit garçon, Florian a analysé le comportement de ses parents et de son entourage et il en a conclu qu’il fallait être fort pour être apprécié et survivre. Notre petit Florian – parce que oui, le Sois fort est particulièrement présent chez les hommes – a entendu des phrases du types : « Un grand garçon comme toi ça ne pleure pas » ou « Seuls les plus forts s’en sortent dans la vie » et il s’est dit que jamais il ne devait montrer ses émotions parce que ce serait répréhensible, voire même dangereux. Puis il a grandi Florian, et il a été apprécié pour sa discipline, sa fiabilité, sa loyauté. Et c’est vrai, le Sois fort ne baisse pas les bras, il ne perd pas – ou peu – son sang-froid et il sait se débrouiller tout seul.

Mais, parce que le principe même des drivers c’est qu’ils nous posent problème, notre Florian a aussi construit autour de lui une forteresse de froideur, de dureté. Il veut prouver qu’il s’en sortira tout seul alors il tient les autres à l’écart. Ses amis se plaignent : « on ne sait jamais ce que tu penses, on a l’impression de ne pas vraiment te connaître » ; sa petite amie lui reproche de ne pas être à l’écoute de ses sentiments et son patron regrette qu’il ait tant de difficulté à travailler en équipe.

Est-ce une fatalité ? Bien sûr que non ! Je ne vous partagerais pas tout cela sans vous proposer un message antidote : le « Sois ouvert ». Certes, il faudra du temps aux Florians de ce monde pour être en mesure d’écouter leurs émotions, les comprendre et les accepter, mais il n’y a pas de petits commencements. « Soit ouvert », c’est aussi reconnaître le droit à l’erreur, le droit à la bienveillance et la puissance des émotions qui nous relient en tant qu’être humains. « Sois ouvert », c’est se baser sur votre confiance en vous de savoir repérer le danger, pour oser un peu de vulnérabilité qui enrichit.

>> Etes-vous prêts à tenter l’aventure ? Parce qu’être fort, c’est bien, être authentique, c’est tellement mieux !

 

« Fais des efforts »

Effie est une Fais des efforts. Toute sa vie elle est entrée en résonance avec des phrases du type « il faut souffrir pour être belle », « ne ménage pas ta peine » et elle en a conclu que seul ce qui est difficile et qui demande des efforts a de la valeur.

Les gens qui l’entourent la félicitent pour sa capacité à travailler dur, à s’engager dans beaucoup de projets, et à résister à la difficulté. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’inconsciemment Effie recherche les situations compliquées, et va parfois les créer elle-même, pour se rassurer sur la valeur de sa vie. D’ailleurs, la dernière fois qu’elle a mené un projet au sein de son entreprise, Effie a refusé systématiquement toutes les solutions faciles, rapides, ou qui avaient déjà prouvé leur efficacité. Elle a tenu à travailler avec plusieurs partenaires à la fois, avec une méthode innovante et en plus, comme elle avait oublié des étapes importantes dans la planification, elle a dû se démener pour trouver des solutions à des problèmes qui auraient pu être évités s’ils avaient été anticipés. En bref, pour Effie la Fais des efforts, le résultat importe peu, elle pense être jugée à sa capacité à fournir beaucoup de travail.

Ce qu’Effie et tous les Fais des efforts ont besoin d’entendre, et de mettre en pratique, c’est le message antidote « Réussis à ta mesure ».

>> Et si l’essentiel dans la vie n’était pas de s’acharner et de s’user au travail mais d’obtenir des résultats ? Et si aimer ce que l’on fait, et prendre du temps pour soi et les autres était la marque d’une vie réussie ? Réussis à ta mesure, c’est simplement calculer le coût efforts-bénéfice, et opter pour la solution la plus adapté à ses ressources existantes.

Et je vous le souhaite à tous, de réussir à votre mesure, et d’en profiter !

 

« Dépêche-toi »

Dépêche-toi ! Le temps n’attend pas ! Il n’y en aura pas pour tout le monde !

Voilà de beaux exemples du driver Dépêche-toi.

Didier le Dépêche-toi est toujours en mouvement : il aime se dépasser dans l’efficacité, il cumule les activités, il aime la variété et se propose souvent comme volontaire pour de nouvelles tâches. Cependant, la pression du temps est souvent un peu trop importante : il est stressé, il bouscule les autres, il s’impatiente et il passe d’une tâche à l’autre sans vraie priorisation. L’urgence prime toujours sur l’importance et il finit par ne plus vraiment rien faire de bien.

Comme pour les autres drivers, Dépêche-toi s’est mis en place très tôt et Didier ne s’est jamais interrogé de savoir s’il pouvait fonctionner plus sereinement. Et c’est bien l’intérêt de cet article : prendre du recul, envisager d’autres manière de voir le monde et d’y réagir, et grandir en intentionnalité dans ses décisions et comportements.

Si, comme Didier, vous vous reconnaissez dans le Dépêche-toi, j’ai une bonne nouvelle : le message antidote « Gère ton temps » fonctionne !

>> Vivre le Gère ton temps, c’est observer quel est son rythme de travail optimum : quelles sont les phases de concentration que vous avez dans la journée ? Comment les temps de pause permettent-ils de relancer des cycles de productivité ? Dans quelle mesure une réflexion plus longue peut-elle permettre de mieux comprendre le problème, envisager des solutions plus créatives, mieux planifier pour au final être plus efficace ?

 

Qu’en est-il des autres messages ?

J’aimerais terminer en ouvrant la réflexions sur les autres messages qui ont forgé nos croyances. Nous avons abordé ici les 5 drivers, mais il y a tellement plus de messages aidant ou limitants que nous prenons comme vérité. Je vous en donne quelques exemples :

« Je suis nul », « Les hommes sont tous des prédateurs/ les femmes sont toutes des s***pes », « De toute manière tout est pourri »…

« Je vais y arriver, je trouverai une solution », « Je sais qui je suis, personne ne peut m’enlever ma dignité », « Dieu est toujours avec moi »…

Si vous vous reconnaissez dans l’un ou plusieurs de ces drivers et que vous identifiez d’autres croyances limitantes, si vous avez l’impression que parfois c’est plus fort que vous, que faire plaisir, être parfait, être fort, faire des efforts ou vous dépêcher prend le dessus sur une réaction ou décision plus appropriée, alors j’aimerais vous inviter à re-conscientiser ces messages, en évaluer la vérité, et si besoin, à leur trouver des antidotes qui redonneront la vie !

 

Notes :

  • *Dans le cadre de ma certification au coaching, j’ai passé le 101 en Analyse transactionnelle
  • Crédit photo pixabay.com

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Ketsia Bonnaz

Ketsia Bonnaz

Coach, Formatrice, Consultante

 « Développer les potentiels » est ma passion… et mon ambition.

J’aime être catalyseur de développement, qui permet de passer de l’idée à la réalité.

Je vous accompagne à déterminer où vous êtes, où vous désirez aller, et passer de l’aspiration à l’action. Le coaching, la formation et la consultance me permettent de puiser dans des méthodologies et des outils variés afin d’aborder chaque situation avec créativité, et vous proposer des solutions adaptées et pertinentes.

 Je suis à votre écoute, en alignement avec mes valeurs d’intégrité, de respect et d’espoir.

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