Les mots… Certains libèrent, d’autres blessent. Certains donnent sens, d’autre sèment la confusion. Finalement, les mots ne sont que des outils qui nous permettent de comprendre, de se comprendre soi-même, et de tenter se faire comprendre à d’autres. Je vous invite dans cet article à explorer la richesse et l’intérêt des mots, afin que leur pouvoir soit utilisé pour construire.
Article de Ketsia BONNAZ, publié le 12 janvier 2022
1. Des mots pour comprendre et se projeter
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément »
Voilà ce que me répétait mon professeur de mathématiques de collège. Cette célèbre phrase de Nicolas Boileau met l’emphase sur une chose essentielle : les mots servent à identifier, à comprendre, à appréhender des concepts. Trouver le mot juste, c’est reconnaître l’existence de quelque chose, ou l’appeler de ses vœux. Les mots servent à identifier les émotions, les rêves, les passions, les croyances, les blocages… les siens et ceux des autres.
Une chose est sûre : plus le vocabulaire et riche et précis, plus les choses peuvent prendre de la nuance, de la précision. Si je prends un exemple simple et célèbre, votre compréhension de la « glace » ne sera pas la même si vous avez plus d’une 10aine de mots pour en parler, ou si votre langue ne possède aucun terme qui puisse identifier même de loin le concept de glace. La dynamique sera la même pour des émotions complexes telles que la colère, qui va de l’agacement à la rage, et qui parfois cache très bien la tristesse ou la peur.
Le travail de mise en mots de notre monde intérieur et de notre monde extérieur est essentiel pour les comprendre. A titre personnel, je réfléchis beaucoup à l’oral : c’est en parlant des situations à l’oral que les choses prennent du sens et que je trouve des explications, des liens, des solutions. D’autres font cette démarche en interne, dans la réflexion silencieuse ou l’écriture. Mais qu’il soit externe ou interne, le travail est le même : ce sont les histoires que nous racontons à soi ou à l’autre qui permettent de donner du sens et de définir où nous désirons aller.
>>> Et vous, comment mettez-vous en mots ce qui se passe en vous et ce qui vous arrive ? Que pouvez-vous faire pour mieux vous comprendre et affiner les mots que vous utilisez ?
2. Des mots pour se raconter
On dit que dans les enquêtes policières, il y a autant de versions d’un même fait, que de témoins. Pour une même réalité, il y a plusieurs interprétations. « C’est est un homme, blanc, d’une 40aine d’années, sans signe distinctif particulier, je l’ai à peine croisé dans la rue » dira une personne. « C’était un homme bien habillé, charmant, à qui j’aurais fait confiance instinctivement » dira une autre personne. « Il avait une lueur inquiétante dans les yeux et son sourire m’a glacée ; il m’a fait penser à un camarade de classe un peu sadique » témoignera une troisième.
Nous ne voyons pas le monde de la même manière et nous ne nous racontons pas de la même manière : comment vous présentez- vous, que dites-vous de vous lorsque l’on vous demande ce que vous faites dans la vie ? Etes-vous dans le faire (je coache) ou dans l’être (je suis coach) ? Et si je vous demandais de vous décrire, parler de qui vous êtes, ce que vous connaissez de vous et ce que vous croyez sur vous, quels mots utiliseriez-vous ?
Y avez-vous déjà réfléchi ?
La réponse que l’on apporte à ces questions peut parfois nous surprendre nous-même. Certains ont une très haute opinion d’eux-mêmes, comme cette jeune femme que j’avais rencontrée dans un train qui s’est présentée comme « travaillant dans l’humanitaire ». Intéressée, je l’ai interrogée un peu plus pour finalement découvrir qu’elle avait passé 3 semaines dans un pays d’Afrique chez son père, qu’elle avait passé le plus clair de son temps dans les boîtes de nuit où elle avait rencontré un jeune homme du pays qu’elle avait accompagné quelques jours dans son village et visité différentes activités sociales – c’était là l’étendue de son implication « humanitaire ». A l’inverse des beaux parleurs, il y a les grands modestes. Je me souviens de cet homme qui nous avait visités lorsque je travaillais au Tchad : extrêmement humble, à l’écoute, toujours prêt à donner un coup de main et apporter son soutien… j’ai découvert à son départ qu’il était le fondateur de plusieurs entreprises extrêmement florissantes et influentes en Europe.
Si la mise en mots révèle nos pensées, la dynamique inverse est vraie également : le choix conscient de nos mots peut influencer notre pensée. Si je crois que je ne vaux rien, cela influencera forcément mes actions et mon taux de réussite. Mais si je décide de contrer cette croyance par un « je peux y arriver », alors je pourrai envisager la vie sous un jour meilleur.
>>> Et vous, quels mots utilisez-vous pour vous raconter ? En quoi cela correspond-il à la réalité de qui vous êtes vraiment ? Que pouvez-vous faire pour mettre les mots les plus adéquats lorsque vous vous parlez de vous ?
3. Des mots pour communiquer
Les scientifiques distinguent les humains des animaux par leur capacité à parler, non seulement pour une communication de survie (communiquer au sujet d’un danger, de besoins ou leur souffrance) mais aussi pour conceptualiser et rêver.
Les mots nous permettent de communiquer de manière bien plus claire sur des choses complexes que ne le peuvent les gestes et l’intention non-verbale. Mais les mots n’ont pas nécessairement le même sens pour tout le monde. Des mots comme amour, famille, pardon… portent des sens différents selon qui les emploie. Par exemple, l’expression « je t’aime » peut tout autant être utilisée par une mère qui transmet sa tendresse et son acceptation à son enfant, par un conjoint abuseur qui impose son désir et sa jalousie ou par un ami qui reconnaît la complicité et l’affection. Et que dire de mots tels que religion, nationalisme, forces de l’ordre… ?
L’utilisation des mots est l’un des leviers les plus puissants pour créer des conflits (incompréhensions, accusations, insultes et autres) – mais aussi pour les résoudre !
Alors voici quelques pistes de réflexion pour bien communiquer :
- Être au clair sur pourquoi vous communiquez
Souhaitez-vous : passer une information ou partager ce que vous vivez, obtenir une réponse ou un conseil, convaincre, comprendre un point de vue, poser des limites… ? Qu’attendez-vous de votre interlocuteur dans la communication – qu’elle soit orale, écrite ou vidéo ? Il est toujours plus simple d’éviter les sous-entendus en exprimant avec des mots ce que vous attendez de l’autre.
- Communiquer avec bienveillance
Dans les situations de stress, de tension, de conflit, mais aussi dans la communication de tous les jours, accorder le bénéfice du doute à son interlocuteur est une clé essentielle. C’est partir du principe que l’on n’a peut-être pas compris tout ce qui s’est passé, que l’intention de l’autre est positive, et qu’en écoutant, vraiment – sans jugement et sans interruption – une issue est possible. Ceci dit, être bienveillant ne veut pas dire se laisser marcher dessus, et avoir une attitude positive et accueillante ne garantit pas que votre interlocuteur en fera de même.
- Choisir ses mots, et son contexte
On parle souvent du fond, et de la forme : on peut avoir raison sur le contenu de ce que l’on dit, mais faire des erreurs sur la manière de délivrer le message. Choisir ses mots dans la bienveillance, l’écoute, la précision, c’est bien. Choisir aussi le moment de délivrer le message et l’environnement dans lequel il est donné, c’est mieux !
Pour aller plus loin sur la thématique de la communication – dans la sphère professionnelle comme privée – découvrez ici la Fiche « Donner une critique constructive ».
>>> Et vous ? Comment utilisez-vous les mots pour communiquer de manière paisible et constructive ? Que pouvez-vous faire pour mieux communiquer avec votre entourage ?
4. Ces mots qui détruisent ou construisent
« La vie et la mort sont au pouvoir de la langue » dit la Bible (Proverbes 18 :21)
Les mots qui sortent de notre bouche peuvent donner la vie, ou donner la mort. Nos mots peuvent construire ou détruire. Les autres. Et nous-même.
« Je suis bête », « Tous des imbéciles », « Mais quelle andouille »
« Tu vas y arriver », « Je ne suis pas seule », « Il y a toujours une solution »…
Autant de messages que l’on (se) répète et qui finissent par devenir un trait d’identité, quelque chose que l’on croit et qui influence grandement estime de soi, paix dans les relations, espoir de succès, et bien d’autres éléments cruciaux de nos vies.
D’ailleurs, ici encore le « Test des 3 passoires » de Socrate a sa pertinence : lorsqu’il s’agit d’utiliser nos mots pour porter des jugements sur nous-même, ou sur d’autres, assurons-nous qu’ils passent par les 3 passoires : de la vérité, de la bonté et de l’utilité. Les choses que nous disons à notre propos ou sur les autres – conjoint, parents, enfants, collègues, amis, etc. – sont-elles vraies, sont-elles bienveillantes et aidantes, et sont-elles utiles ?
>>> Et vous, quels sont les mots que vous dites au sujet des autres, et de vous-même ? Comment pouvez-vous changer votre vocabulaire pour construire, et non détruire ?
Notes :
- Image : pixabay.com
- Illustration 1 : https://www.pinterest.fr/pin/149674387604075262/
- Illustration 2 : https://papapositive.fr/enfant-se-sent-nul-lui-redonner-confiance-1/
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Très intéressant et… très vrai !
La langue est la pire et la meilleure des choses, si on en croit Esope !