Sortir de la solitude

Les statistiques le montrent, de plus en plus de personnes souffrent de solitude. Dans cet article, je vous invite à comprendre ce qu’est la solitude, d’où elle vient, et comment il est possible d’y remédier. Vous n’êtes pas seuls !

    1. La solitude, c’est quoi ?
    2. Ce qui cause la solitude
    3. Sortir de la solitude
    4. Votre solution est celle des autres !

 

Article de Ketsia Bonnaz, publié le 09 décembre 2022

 

1.     La solitude, c’est quoi ?

« La solitude est un état ponctuel ou durable, choisi ou subi, d’un individu engagé dans aucun rapport avec autrui ».

Pour commencer, j’aimerais que l’on s’attarde un moment sur cette définition de la solitude.

Aucun rapport avec autrui

Rien que cela m’interroge : qu’est-ce que cela veut dire de ne pas avoir de rapports, de communication avec qui que ce soit d’autre ? Bien sûr, nous avons l’image facile de l’ermite seul dans son chalet perché sur une montagne, ou de la vieille dame aux chats qui n’a aucun lien avec des êtres humains.

Mais est-ce que la solitude ne pourrait pas aussi qualifier le fait de vivre avec d’autres personnes mais sans avoir aucun rapport chaleureux, dialogues, ou réciprocité avec elles ? Ou que vivre des « relations » uniquement via son smartphone ou son ordinateur ne constituent pas un vrai « rapport avec autrui » ?

D’ailleurs, est-ce que quelqu’un qui vit bien avec lui-même, dans l’acceptation et le dialogue intérieur, ne serait pas considéré comme seul. Et si j’ose, que vivre une spiritualité intense n’est pas de la solitude non plus quand, au-delà de l’étude des textes et de la parole adressée à Dieu, il y a un échange réciproque (« Dieu parle ») ?

Un état ponctuel ou durable

Nous avons tous besoin de solitude à un moment ou un autre, mais cela n’est pas amené à être forcément durable. On peut se sentir seul aussi à certaines périodes de sa vie : quitter le cocon familial pour les études dans une autre ville ou déménager à l’autre bout du pays pour sa carrière peut être un temps de profonde solitude, mais qui n’est pas amené à durer, c’est une étape vers la construction de nouvelles relations, d’un nouvel équilibre de vie.

D’autres solitudes s’installent dans le temps : on n’a pas investi le temps nécessaire pour créer ou entretenir des amitiés, on a été exclu et on le reste, on a perdu des êtres chers au fil de la vie et on arrive à une situation où il n’y a plus personne avec qui entrer en relation. Cet état-là peut être si destructeur que l’on en arrive à des drames.

Un état choisi ou subi

Oui, la solitude peut être choisie : elle représente ce « temps pour soi », pour se ressourcer, se retrouver, réfléchir au calme, parler au divin aussi. Certains d’entre nous ont besoin de plus de ce temps de solitude que d’autres, c’est généralement l’une des définitions de l’interversion. Subie, la solitude peut être violente : c’est la mise à l’écart du groupe, l’isolement dans un environnement qui ne nourrit pas, la négation de relations d’amour dont nous avons besoin.

Ainsi, il est tout à fait possible pour un célibataire de ne pas se sentir seul dans la mesure où il a des relations profondes avec d’autres personnes. Et il est tout à fait possible pour une mère de famille de souffrir profondément de solitude parce que malgré le bruit et le mouvement, elle ne se sent pas engagée dans des rapports significatifs avec qui que ce soit.

>> Avant de passer au chapitre suivant, j’aimerais vous inviter à considérer votre propre situation : quelle est la qualité de vos rapports avec les autres ? Vous sentez-vous seul ? Est-ce une solitude choisie, ou subie ? Depuis combien de temps dure-t-elle ?

 

2.     Ce qui cause la solitude

Dans la suite de cet article, j’ai choisi de me concentrer sur la solitude qui est mal vécue, afin de mieux la comprendre pour mieux la vivre, ou y remédier.

Un changement de contexte

Là, on est dans le situationnel : l’étudiante qui trouve un emploi à l’étranger, le célibataire qui voit ses amis se marier et devenir pères et qui peine à trouver des sujets de conversation en commun, la jeune retraitée qui se retrouve soudain 24h/24 à la maison… Les situations de la vie où la solitude devient réalité sont nombreuses. Certaines de ces situations sont désirées, d’autres sont davantage subies. Mais ici, c’et un changement de contexte qui « déracine » : les relations autrefois proches ne sont plus accessibles aussi facilement, il faut recréer du lien avec son nouvel environnement.

Et c’est ok, tant que cette étape de solitude reste de courte durée.

Au cours de mon parcours de vie, j’ai été maintes fois transposée d’un contexte à l’autre. Je me rappelle un stage étudiant dans un pays d’Afrique de l’Ouest où j’ai beaucoup souffert de l’éloignement de ma famille et de mes amis (à l’époque WhatsApp n’existait pas et de toute manière nous n’avions pas Internet à la maison) et où la barrière de la langue ne facilitait pas l’entrée en contact avec les personnes autour de moi. J’ai dû apprendre à créer du lien autrement.

Le manque de compétences interpersonnelles

Aller vers l’Autre n’est pas naturel pour tous, mais cela s’apprend (voir mon article sur l’Amitié). On peut être ralenti dans notre élan vers les autres par la timidité, la maladresse dans les mots, une difficulté à comprendre le non-verbal des gens… la liste peut être longue !

Et puis, il faut bien le dire, la vie derrière nos écrans a fragilisé notre capacité à entrer en relation, à les maintenir et les développer. Pourquoi ? En partie parce que nous n’en avons plus besoin ! Nous pouvons nous permettre de vivre seuls : quelques clics sur Internet et on nous livre à domicile tout ce que l’on veut sans avoir besoin de parler à qui que ce soit et encore moins à sortir de chez soi, et même les démarches administratives sont totalement dématérialisées. Pas étonnant que nous perdions en compétences interpersonnelles !

« J’ai grandi pendant la guerre » me raconte ma grand-mère. « C’était une autre époque. Nous n’avions pas la télévision, pas d’écrans, juste une petite radio que mon père écoutait le soir dans un silence religieux. Il faisait très froid et la cuisine était la seule pièce chauffée, donc toute la famille s’y entassait toute la journée, quand nous n’étions pas au travail. Les enfants aidaient beaucoup aux tâches de la maison et comme je vivais dans une ferme, il y avait toujours quelque chose à faire. Plus tard, lors de mes études, je vivais en pensionnat. On sortait beaucoup avec les copains : pique-niques, cinéma, piscine. Maintenant, c’est chacun pour soi. »

Nos peurs et croyances limitantes

« Tu vas te ridiculiser », « Tu n’es pas assez bien pour eux », « Tu es plus tranquille dans ton canapé », « Les autres peuvent être un danger » « Je ne veux pas déranger »…

La peur, les complexes, la paresse aussi sont autant de choses qui nous limitent dans notre capacité à aller vers les autres, et ainsi, sortir de la solitude. Il y a toujours une bonne raison pour ne pas oser faire le pas et franchement, parfois, cela nous arrange bien. Jusqu’au jour où cela commence à peser, mais on ne sait plus comment faire autrement.

J’ai toujours été épatée par les personnes qui, dans un pays étranger, n’ont pas peur de baragouiner les quelques mots qu’ils connaissent et qui arrivent toujours à se faire comprendre, à grands renforts de gestes et de sourires. Vous le savez déjà, j’ai un côté perfectionniste et j’ai du mal à m’exprimer dans un contexte que je ne maîtrise pas totalement : « ils vont se moquer de moi », « ils vont me rejeter », « je ne les honore pas en massacrant leur langue »… voilà ce que je me dis. Et puis j’ai essayé, et ce que j’ai entendu en retour était bien différent « Merci de faire l’effort de me parler dans ma langue » « Mais bien sûr Madame, on va trouver une solution ».

Notre singularité

Chaque être humain est unique, c’est un fait. Certains d’entre nous pouvons nous croire exceptionnels, fantasques, bizarres, moyen, inintéressant.

La vérité, c’est que nous avons beaucoup plus en commun les uns avec les autres que ce que nous pouvons penser (voir mon article sur l’Identité) mais dans notre recherche d’altérité, nous pouvons avoir tendance à rechercher des personnes qui nous ressemblent en tout point. Et cela peut créer de la solitude.

Pour d’autres, cette singularité est l’une des raisons pour lesquelles la solitude pèse tant. En effet, lorsque s’arrête le bruit des bavardages et le mouvement des gens autour de nous, le silence nous permet de prêter davantage attention à notre voix intérieure – et souvent aussi, à la voix du divin. « Être bien avec soi-même », apprécier sa propre compagnie, avoir fait la paix avec ce que l’on est au plus profond, voilà aussi une manière de mieux vivre sa solitude.

Il y a quelques années, je travaillais sur le terrain humanitaire depuis plus d’un an. Les crises et défis s’étaient enchaînés et je n’avais pas eu de vrai répit pendant des mois, me lançant corps et âme dans le travail. Puis les activités se sont ralenties et soudain, cette réalisation qui m’a fait peur : « je suis malheureuse ». Il y avait tellement de bruit et de mouvement autour de moi que je n’avais pas pris la peine d’écouter mes émotions. Mais dès qu’elles en ont eu l’occasion, elles se sont exprimées avec force. C’était déstabilisant, mais tellement nécessaire. Parce qu’alors j’ai pu davantage prêter attention à mes besoins, revenir à mes valeurs, et prendre les décisions qui s’imposaient.

3.     Sortir de la solitude

Ce n’est pas forcément remplir sa vie de mouvement et de gens. C’est avant tout sortir de cet état intérieur de n’être en relation avec personne.

Réorganiser sa vie

Je commence par le plus facile – ou en tout cas le moins bousculant – surtout lorsque la solitude est liée à un changement de contexte ponctuel. Il s’agit de s’organiser pour créer de la relation : rejoindre une association pour rencontre du monde et s’occuper, inviter un collègue de travail à boire un café (ou une bière), établir une liste des personnes à appeler pour prendre des nouvelles, visiter les membres de sa famille éloignée, s’obliger à ne pas automatiquement sortir son smartphone dès lors que l’on attend plus de 3 secondes, recommencer à sortir pour faire ses courses et se nourrir et ainsi avoir des êtres humains en face de soi, dire bonjour aux gens autour de nous…

Les possibilités de rencontres sont infinies, pour cela il suffit d’un peu de motivation, de planification, et de persévérance.

Travailler ses compétences relationnelles

Cela commence par un état d’esprit renouvelé : proactivité, ouverture d’esprit, sourire, gentillesse, attention portée à l’autre.

Mais apprendre à connecter, à être en relation, comment fait-on ? J’aimerais explorer avec vous 3 pistes de réflexion :

  • Premièrement, recherchez des points de connexion avec les personnes qui vous entourent : qu’avez-vous en commun ? Cela peut être une activité, une marque de vêtement, un lieu que vous fréquentez, un sujet intérêt commun, une personne que vous connaissez, la langue que vous parlez… la liste est infinie. L’idée ici c’est de trouver un point d’accroche, quelque chose qui peut vous relier à  les autres, un sujet qui pourrait lancer la conversation.
  • Ensuite lancez-vous pour initier le dialogue. Je vous donne mon astuce qui marche à tous les coups. Lorsque je me retrouve dans un lieu où je ne connais personne ou presque, j’identifie quelqu’un qui a l’air encore plus perdu et seul que moi et je vais engager la conversation. Souvent, le soulagement est mutuel et rien que cela donne un bon sujet de conversation.
  • Être ok avec le fait que cela ne marche pas à tous les coups. Évidemment, pour qu’une relation fonctionne, il faut respecter la liberté de l’autre à accepter ou refuser la connexion. Donc on essaie et si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, on recommence !

Grandir dans ses compétences relationnelles, c’est aussi devenir un meilleur écoutant, être patient dans les relations, savoir aussi parfois mettre les autres en priorité.

Ceux qui me connaissent auront du mal à ma croire, mais j’ai été très timide. Ce qui m’a fait sortir de mes complexes, c’est premièrement la scène (je faisais partie d’un groupe de musique lorsque j’étais adolescente), puis ensuite certaines responsabilités dans une association où je devais accueillir les nouveaux venus. J’ai décidé d’endosser le rôle de « la communicatrice » dans ces deux cadres bien précis, et avec le temps, c’est devenu bien plus naturel ! Parce que comme toutes autres compétences, les compétences interpersonnelles s’apprennent.

Se réconcilier avec soi

Et puis bien sûr, tout cela demande un peu d’acceptation de soi.

Commençons par parler des peurs : peur de la différence, peur d’être rejeté, peur du regard de l’autre, peur de ne pas avoir les mots… Quelles sont les bonnes excuses que vous vous dites à vous-même pour ne pas avoir à dépasser votre peur d’entrer en connexion ? Et si à la place, vous y mettiez un peu de rationalité, c’est-à-dire une vraie réflexion qui va au bout de vos croyances ? Je vous donne un exemple : mettons que vous avez peur d’aborder des personnes qui paraissent différentes de vous : dans ce cas, réfléchissez à toutes les raisons qui font que cette personne est là, dans le même lieu que vous, et ce que cela dit de vos points communs.

Parlons ensuite de l’autosuffisance, vous savez cette petite voix qui vous dit que vous allez y arriver tout seul, que vous n’avez besoin de personne. Se réconcilier avec soi-même, c’est reconnaitre que l’on a des choses à apporter aux autres, mais aussi des besoins auxquels les autres peuvent contribuer. D’où l’importance de la réciprocité, demander de l’aide, s’intéresser aux autres.

Et puis il y a tout le reste, ce qui se passe dans votre tête lorsque le silence se fait, ces choses qui nourrissent votre esprit, ces actions que vous posez. Il y a le beau – vos ressources, vos rêves, vos projets, vos compétences et votre cœur – et il y a le moche – l’égoïsme, les actes en inadéquation avec vos valeurs, la méchanceté, la jalousie. Oui, il y a les deux, et se réconcilier avec soi-même, c’est prendre la responsabilité du tout sans complaisance ou fausse modestie, et se mettre en route vers le mieux.

Alors la solitude devient moins pesante, moins dangereuse, moins violente, parce que l’on peut découvrir que nous sommes de bonne compagnie avec nous-même.

>>> Alors, qu’allez-vous mettre en place dans votre rapport à vous-même, aux autres et dans votre organisation de vie pour mieux vivre votre solitude, et la rendre moins pesante ?

 

 4.     Votre solution est celle des autres !

Le meilleur moyen de sortir de sa solitude, c’est d’aller à la rencontre des autres ; la solution pour vous est la solution pour les autres !

Voilà. Ça méritait un chapitre entier, même si je n’ai pas besoin d’expliquer cela plus en détail.

>> Alors, passage à l’action ?

 

Note : photo sur pixabay.com

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Ketsia Bonnaz

Ketsia Bonnaz

Coach, Formatrice, Consultante

 « Développer les potentiels » est ma passion… et mon ambition.

J’aime être catalyseur de développement, qui permet de passer de l’idée à la réalité.

Je vous accompagne à déterminer où vous êtes, où vous désirez aller, et passer de l’aspiration à l’action. Le coaching, la formation et la consultance me permettent de puiser dans des méthodologies et des outils variés afin d’aborder chaque situation avec créativité, et vous proposer des solutions adaptées et pertinentes.

 Je suis à votre écoute, en alignement avec mes valeurs d’intégrité, de respect et d’espoir.

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1 Commentaire

  1. Julie P

    Très bel article, qui m’interroge sur le fait que je suis très entourée mais j’ai souvent la sensation de me sentir très seule, surtout quand je suis en compagnie. Se sentir seule peut être dû comme vous l’expliquer très bien, à un manque de compétences sociales ou le symptôme d’une difficulté à s’adapter à son environnement, à un manque de connexion à soi, parfois aussi dû au fait que quelqu’un m’ignore ou tente de m’humilier ou me manipuler.Il est également propable que les personnes qui m’entourent n’aient rien en commun avec moi. La solitude peut signifier que j’espire a une connexion authentique. Dans tous les cas, votre article me questionne et c’est très enrichissant.  » Seul l’amour nous fait totalement oublier cet singularité, cet éloignement irrémédiable entre moi et autrui, en fait il n’y a guère que les croyants, nourris par l’amour divin, qui peuvent prétendre y échapper » Merci

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