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La communication non-violente

La communication non-violente

Trop souvent, il y a de la violence dans notre communication : nos mots, nos attentes, nos jugements, notre refus de parler… La communication bienveillante, ou non-violente, présente une manière simple d’aborder des demandes ou de donner un feedback qui soit constructif.

Dans cet article, je vous propose de de cheminer pas à pas vers davantage de liberté dans notre communication : « Lorsque tu fais ceci, je ressens cela, voilà ce dont j’ai besoin, voilà ma demande ». Découvrons-le ensemble :

    1. Violence ou bienveillance dans la communication
    2. Observer sans juger
    3. Identifier et exprimer ses sentiments
    4. Identifier et exprimer ses besoins
    5. Effectuer une demande constructive
    6. Le mot de la fin

Article de Ketsia Bonnaz, publié le 07 février 2024.

 

1.    Violence ou bienveillance dans la communication

Il y a quelques années j’ai vu une courte vidéo sur Internet que je n’ai pas été en mesure de retrouver depuis. Le Youtubeur expliquait la nécessité de donner du « feedback négatif », ces conversations difficiles qui permettent de recadrer une situation. Il utilisait l’image des feux tricolores : imaginez sur la route, si le feu passait brusquement du vert au rouge, sans transiter par l’orange. Il en résulterait du stress, des freinages dangereux et des accidents. Pourtant, c’est souvent ce que l’on fait dans nos relations : tout va bien, le feu est au vert et un jour, sans crier gare, il y a l’explosion du « ça fait des mois que ça dure ! » ou l’implosion de la rupture d’une relation.

Si dans cet article on parle de communication non-violente, c’est que notre communication peut être violente. En voici quelques exemples :

    1. Il y a la violence brute, qui s’exprime par des insultes, un ton cassant, des cris, une posture d’intimidation ou des menaces. Dans cette communication, je vais chercher à imposer mes besoins, ma demande, sans tenir compte de la personne en face de moi et de ce dont elle peut avoir besoin, elle.
    2. Mais je peux aussi être violent en privant l’autre de sa liberté : cela peut être par la manipulation – quand je cherche à prendre le pouvoir de manière à ce que l’autre se sente piégé – mais je prive aussi de liberté lorsque je juge l’autre, que je lui prête des intentions et une motivation négative (si je déclare que tu es bourreau et que je suis victime, je t’ôte le choix de qui tu es et de ta réaction).
    3. On peut également être violent lorsque l’on refuse d’affronter le problème, de donner des explications, de dialoguer, et donc de trouver une solution.

>> Et vous ? Vous retrouvez-vous dans cette liste ? Prenez le temps de comprendre en quoi la manière dont vous pouvez communiquer, ou la manière dont vous recevez la communication des autres, peuvent être violentes.

Le fait est que personne ne nous a jamais appris à communiquer de manière non-violente et bienveillante. Marshal Rosenberg dans son ouvrage phare « Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs » propose une méthode simple pour oser s’exprimer (surtout lorsque ça va mal) et de manière acceptable, entendable et constructive. C’est la base de ce que l’on appelle la communication non-violente ou CNV :

« Lorsque tu fais ceci, je ressens cela, voilà ce dont j’ai besoin, voilà ma demande »

 

2.    Observer sans juger

Noter les faits, observer les actes, les paroles, les comportements, c’est la première étape de la CNV. Elle paraît très basique, et pourtant, c’est une étape souvent complexe.

« Oui, je peux admettre que tu me dises ce que j’ai fait ou n’ai pas fait et je peux admettre tes interprétations. Mais, je t’en prie, ne mélange pas les deux » – Marshall Rosenberg

Nous avons trop souvent tendance à mélanger les faits avec les interprétations que nous nous faisons de ces faits. Si je dis « Mon chef s’est emporté sans aucune raison », ce n’est pas un fait, c’est une interprétation. Les faits pourraient être qu’il a élevé la voix, qu’il a quitté la pièce alors que d’autres étaient en train de parler, ou qu’il a dit qu’il était en colère.

Si je dis « Tu n’es jamais disponible ! », ce n’est probablement pas un fait empirique. Les petits mots comme « toujours », « jamais », ou « on dit » sont souvent des extrapolations, des généralisations. Derrière le « tu n’es jamais disponible », il pourrait y avoir le fait que régulièrement je t’appelle et tu ne réponds pas, ou que mes demandes de RDV n’obtiennent réponse que plusieurs semaines après, ou que tu tapote très souvent sur ton smartphone pendant que je te parle…

Le danger de ne pas réussir à citer des faits concrets, c’est que l’on risque de juger les motivations de l’autre personne et lui donner le sentiment qu’il est jugé pour ce qu’il est, et non pas interpellé pour une action précise. Et puis, je vous invite à réfléchir à ce qui est utile pour vous-même : comment pouvez-vous vous améliorer si on ne vous cite pas des faits concrets (des manières de parler, des mots, des comportements) que vous pourrez mieux faire la prochaine fois ?

>> Et vous ? Comment appuyez-vous vos demandes envers les autres sur une observation exempte de jugement, où vous cherchez le fait empirique, irréfutable, l’action qui représente une problématique ? Si vous n’êtes pas en mesure de trouver des faits concrets, votre communication sera forcément violente puisque basée sur un jugement. Et parfois, si vous ne trouvez pas de faits à reprocher à l’autre, c’est que peut-être vous avez mal interprété les choses et qu’il faut laisser couler !

 

3.    Identifier et exprimer ses sentiments

Après les faits, place aux émotions !

Nous apprenons très tôt à interpréter mentalement ce que les autres font, à imaginer leur motivation. Mais nous connecter à nous-même, prendre conscience de la manière dont l’action de l’autre résonne en nous, porter attention à nos émotions, ça, c’est plus compliqué.

Je vous donne un exemple : je déteste que les gens annulent des RDV. Cela m’agace profondément et assez vite je vais juger la personne : elle ne me respecte pas, elle n’est pas fiable. Et pourtant, de temps en temps, un RDV annulé dans une journée très chargée est un soulagement. Face à la même situation, au même fait, je ressens des émotions différentes. Pourquoi ?

Marshal Rosenberg propose une réponse :

« Les paroles et les actes d’autrui peuvent être un facteur déclenchant mais jamais la cause de nos sentiments. Nos sentiments proviennent de la façon dont nous choisissons de recevoir les actes et paroles des autres. »

Il s’agit là d’être responsable de ses propres émotions. Certes, il y a un facteur déclenchant. Mais ce n’est pas toi qui me met en colère, JE me mets en colère en réaction à ce que tu as fait ou pas fait. Vous voyez la différence ?

Communiquer de manière non-violente sous-entend donc que nous prenons conscience de nos émotions et je vous encourage ici à relire mon article « Comprendre ses émotions » sur cette question. Et attention à une petite alerte : ce n’est pas parce que l’on dit « je me sens » quelque chose que c’est forcément une émotion. Si je dis que je me sens « jugée » par exemple, le jugement n’étant pas une émotion, l’émotion pourra être la colère de l’indignation, la peur du rejet, ou la tristesse de ne pas être à la hauteur. Voilà les émotions.

>> Et vous ? Comment allez-vous reconnaître vos émotions et les communiquer ? C’est extrêmement important parce que personne ne peut juger que nos émotions sont vraies ou pas, elles sont ce qu’elles sont, même lorsqu’elles ne sont pas fondées.

Faire comprendre à l’autre que ses actions ont eu un impact sur nos émotions permet de communiquer à un niveau plus humain.

 

4.    Identifier et exprimer ses besoins

Nous passons maintenant à la troisième partie de la communication non-violente : identifier ses besoins.

On touche là à quelque chose de profond : lorsque quelqu’un fait quelque chose qui me pose problème, c’est un problème parce que l’un de mes besoins n’a pas été pris en compte.

Laissez-moi reprendre l’exemple de mon émotion d’agacement lorsque quelqu’un annule un RDV. Pourquoi suis-je agacée ? Parfois, c’est parce que j’ai besoin de me sentir respectée (et respecter mon temps fait partie des manières de me le montrer). Dans d’autres contextes, mon besoin est de savoir que je peux compter sur vous, que vous êtes une personne fiable. Le savoir me permet de prendre de la distance vis-à-vis de l’autre et prendre la responsabilité de ce que je ressents.

« Nos sentiments proviennent de la façon dont nous choisissons de recevoir les actes et paroles des autres, ainsi que de nos besoins et de nos attentes particulières à ce moment-là. » –  Marshal Rosenberg

Pour communiquer de manière non-violente, il est donc nécessaire de prendre conscience de ses propres besoins, et d’être en mesure de les exprimer d’une manière acceptable. Si je veux que les autres tiennent compte de mes besoins, je dois d’abord les connaitre, et ensuite les dire ! Voilà pourquoi j’ai écris l’article « Que faire de mes besoins ? » pour nous aider à y voir plus clair.

Penser que les autres doivent deviner nos besoins, ou alors se sentir responsable des besoins des autres, c’est comme de l’esclavage affectif (le terme est de Rosenberg). Grandir en liberté affective c’est réagir aux besoins des autres par bienveillance, en se sentant responsable de ses propres intentions et de ses actes, mais pas de ceux des autres. La différence est flagrante entre dire « Tu m’énerves, tu ne respectes personne » et dire « Je suis en colère quand tu dis ça parce que j’ai besoin de respect et j’entends tes paroles comme une insulte ».

>> Et vous ? Comment allez-vous grandir en courage ? Cela en demande du courage pour identifier et exprimer ses besoins, pour se connaître et admettre ses limites, pour en prendre la responsabilité, et pour comprendre que l’autre en face a lui aussi des besoins.

Parce qu’il n’est pas juste que mes besoins soient assouvis au détriment de l’autre, et vice versa !

 

5.    Effectuer une demande constructive

C’est le dernier élément de notre phrase passe-partout de la communication non-violente : « Lorsque tu fais ceci, je ressens cela, voilà ce dont j’ai besoin, voilà ma demande »

La demande est au cœur du processus, parce que la CNV a toujours un but : ouvrir un espace de dialogue pour trouver une solution à une problématique. Ainsi, la première question à vous poser lorsque vous désirez mettre les points sur les i avec quelqu’un, c’est : dans quel but ? Quelle va être votre demande à cette personne qui justifie votre communication ?

Exprimer une demande constructive demande deux choses : être précis et concret dans ce que je demande et s’assurer que ma demande n’est pas une exigence.

    1. Être précis et concret dans ce que je demande

On élève les enfants afin qu’ils deviennent graduellement responsables de leurs besoins, et qu’ils soient en mesure d’y répondre et de savoir demander de l’aide. Une fois devenus adultes, nous devrions ne plus attendre des autres qu’ils devinent ce qui est bon pour nous. Voilà pourquoi je dois être précis dans ce que j’attends de l’autre si je suis en tension avec lui.

Marshal Rosenberg nous dit ceci : « Plus nous sommes précis sur ce que nous demandons à l’autre, plus nos besoins ont de chances d’être satisfaits. »

Parfois, être précis viendra avec une liste de choses qui nous paraissent non-négociables, mais parfois, c’est simplement demander un temps d’échange pour trouver une solution ensemble.

Il est essentiel d’éviter les formulations imprécises, ambigües ou abstraites. Dire « Je veux que tu me comprennes » n’est ni clair, ni acceptable. Je peux te demander de reformuler ce que je dis pour m’assurer que tu as compris ; je peux te demander de venir vivre une journée avec moi pour en mesurer les exigences ; je peux te demander de m’écouter avec attention. Ça oui. Mais « me comprendre », c’est trop flou.

    1. S’assurer que ma demande n’est pas une exigence

Si l’on fait une demande, par définition la réponse peut être oui… ou non ! Si votre interlocuteur n’a pas le choix, c’est une exigence, pas une demande. Si vous êtes réellement dans une communication non-violente, vous devez être prêt à ce que l’autre refuse votre demande.

J’ouvre une parenthèse : parfois, on est en droit d’exiger quelque chose de l’autre, en tant que parent ou que responsable. Mais de manière générale, la CNV est préférable pour construire des relations harmonieuses.

Rappelez-vous, le but de la communication non-violente est d’arriver à une solution qui convienne à tous, dans la liberté de chacun.

>> Et vous ? Comment faites-vous des demandes claires qui reconnaissent la dignité et la liberté de chacun dans la relation ?

 

6.    Le mot de la fin

Et si on apprenait à mettre des feux orange dans nos relations ?

C’est la motivation derrière cet article. La communication non-violente s’attarde sur les faits et non les jugements, elle permet d’identifier ses propres émotions et ses besoins, et les partage en offrant une demande.

C’est un cheminement, où vous découvrirez que parfois, suivre le processus dans notre intériorité est suffisant pour désamorcer les conflits, et d’autres fois, la structure de la CNV est rassurante pour effectuer un recadrage nécessaire.

Pour être non-violente, la communication doit aussi tenir compte du timing et du contexte : attendre de s’être calmé, ne pas régler ses problèmes en public, privilégier la conversation en tête à tête ou au téléphone plutôt que par écrit ou vocaux (vous trouverez davantage de ressources sur ma Fiche « Donner une critique constructive »).

Et j’aimerais vous laisser avec ce que les chrétiens ont appelé la Règle d’or :

« Faites pour les autres ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous ».

Vous n’aimez pas les explosions de colère ? Vous aimez progresser ? Vous appréciez les relations franches et ouvertes? Alors donnez aux autres des chances de savoir comment mieux fonctionner avec vous. Et parce que nous ne sommes pas tous les mêmes, que nous n’avons tous les mêmes besoins ou la même manière de les combler, la CNV nous aide à exprimer cette différence et construire des relations harmonieuses.

 

Notes :

  • Crédit photo pixabay.com
  • Bibliographie « Les mots sont des fenêtres, ou bien ce sont des murs », Marshall B. Rosenberg, éditions La Découverte

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Que faire de mes besoins ?

Que faire de mes besoins ?

Une partie importante de mon travail de coach est d’accompagner mes clients à prendre conscience de leurs besoins, et trouver une manière saine de les assouvir. Nous avons tous des besoins : si certains paraissent évidents et légitimes (comme se nourrir ou dormir), d’autres peuvent sembler un peu moins nécessaire, mais n’en sont pas négligeables pour autant (relationner, donner du sens à sa vie). Dans cet article, je vous invite à considérer vos besoins, identifier ceux que vous avez un peu oubliés ou négligés, et vous engager à leur trouver des réponses.

    1. Qu’est-ce qu’un besoin ?
    2. Pourquoi identifier ses besoins est-il important ?
    3. Cinq groupes de besoins légitimes – la pyramide de Maslow
    4. Satisfaire ses besoins ?

Article de Ketsia Bonnaz, publié le 15 janvier 2024.

 

1.     Qu’est-ce qu’un besoin ?

Commençons par le commencement : qu’est-ce qu’un besoin ? En voici une définition que je trouve intéressante :

Le besoin est une « nécessité ressentie », d’ordre physique, social ou mental. La satisfaction ou non-satisfaction s’exprime à travers des sensations : la faim exprime le besoin de manger, la satiété signale le besoin satisfait ; la peur exprime le besoin de sécurité, le calme signale le besoin satisfait… Le besoin est une nécessité en cela que, s’il n’est pas satisfait, il bloque le processus de vie (besoins vitaux) ou de développement de l’individu (besoins sociaux, besoins mentaux…).

Un besoin est une « nécessité ressentie », quelque chose dont la satisfaction paraît vitale pour continuer de vivre. Mais c’est une chose subjective : « avoir besoin de boire » par exemple est de manière empirique nécessaire à notre survie sur terre (3 jours sans eau et l’être humain meurt), mais « avoir besoin de boire un verre de whisky » après une dure journée de travail n’est pas tout à fait sur la même échelle de nécessité. Et pourtant… Nos besoins physiologiques vitaux (boire, manger, dormir) ne sont pas les seuls besoins qui ont un impact sur notre vie : besoin de sécurité, de relation, de sens… sans cela, nous périssons également.

Un point important à considérer ici est le regard moral et éthique que l’on porte sur les besoins : notre regard sur nos propres besoins et ceux des autres sera grandement influencé par notre culture, notre éducation, la religion, les croyances que nous avons. Ce n’est pas parce que quelque chose est interdit, mal vu, considéré comme non acceptable par soi ou par son entourage, que le besoin n’existe pas. Ainsi, il y a une grande différence entre nier un besoin, et nier la satisfaction de ce besoin. Il est tout à fait possible de ressentir le besoin d’intimité sexuelle mais décider de ne pas satisfaire ce besoin pour des raisons religieuses, philosophiques ou à cause d’un blocage émotionnel ou physique.

Reconnaitre le besoin est alors un premier pas vers une prise de contrôle sur ce qui se passe en nous, la mise en mot du besoin nous permet alors de trouver des solutions pour le combler, le contenir ou le divertir.

>> Et vous ? Alors que nous allons voir ensemble dans la suite de cet article différents besoins, je vous invite à considérer ceux que vous avez peut-être ignorés jusqu’ici et qui vous volent votre vie et votre joie. En prendre conscience vous permettra de regagner en liberté.

 

2.     Pourquoi identifier ses besoins est-il important ?

Prendre conscience de nos besoins est un processus nécessaire à notre prise de responsabilité et notre liberté.

Certains besoins sont communs à l’ensemble des êtres humains – nous allons voir cela ensemble ci-dessous. Lorsque nous ignorons ou nions ces besoins, ils vont se manifester de manière totalement incontrôlée : une maladie qui oblige à s’arrêter brusquement, une explosion émotionnelle que personne n’a vue venir, prendre de mauvaises décisions en connaissance de cause pour « se venger », prendre des risques pour « se sentir vivre » ou « ressentir quelque chose d’autre que ce vide ou cette souffrance insupportable »…

A l’inverse, certaines choses qui me semblent nécessaires ne le sont pas forcément pour tous les êtres humains : certaines personnes ressentent le besoin de voyager (j’en fais partie), d’autres celui de toujours être maquillées et bien habillées, d’autres encore le besoin de tout négocier.

Je sais que ce que je vais dire va en choquer plus d’un, mais partir du principe que les autres doivent deviner mes besoins, c’est se comporter de manière immature. Réfléchissez-y : ce sont les enfants qui ont besoin de leurs parents et d’un entourage adulte pour prendre soin de leurs besoins. D’ailleurs, l’un des enjeux majeurs de l’éducation des enfants est de les amener à la maturité afin qu’ils soient en mesure de comprendre leurs besoins, trouver des manières saines de les satisfaire et savoir demander de l’aide lorsqu’ils n’ont pas toutes les ressources nécessaires.

Et oui, aucun être humain n’est en mesure de combler seul l’ensemble de ses besoins ! Nous sommes des êtres limités (nous avons besoin des autres) et des êtres sociaux (nous avons besoin des autres !) En parlant de limites, nos besoins nous informent sur nos limites : ce que nous estimons acceptable et ce qui ne l’est pas. D’où l’importance de le connaître !

D’ailleurs, il est temps de regarder à une classification des besoins qui est relativement connue : la pyramide de Maslow.

>> Si vous faites partie des personnes qui ont du mal à identifier et accepter vos besoins, je vous invite à faire preuve de bienveillance envers vous-même et utiliser les points ci-dessous comme une forme de check-list vous permettant d’être davantage dans la conscience de vous-même.

 

3.     Cinq groupes de besoins légitimes – la pyramide de Maslow

Dans les années 1940, le psychologue Abraham Maslow a présenté sa « pyramide » des besoins. Bien que décriée de diverses manières, ce modèle présente une cartographie de besoins communs à tous les êtres humains. La forme pyramidale exprime une hiérarchie des besoins : tant que le niveau inférieur n’est pas satisfait, le niveau supérieur ne peut être comblé. Par exemple, en considérant les deux premiers niveaux : si j’ai tout le temps faim et froid, je ne pourrai pas me sentir en sécurité.

Voici les cinq niveaux de la pyramide de Maslow, que je vous propose de considérer sous forme d’une check-list à compléter.

  1. Les besoins physiologiques

Ce sont les besoins liés à la subsistance et la reproduction – s’ils ne sont pas comblés, leur satisfaction deviendra la principale motivation du comportement. Dans nos sociétés occidentales, les besoins physiologiques sont généralement couverts, mais ce n’est pas le cas pour un grand nombre d’êtres humains sur la planète. Quelques points utiles à considérer pour ce type de besoins :

  • Je ne subis pas de manière régulière et prolongée la faim, la soif, le froid ou le chaud
  • J’ai une sexualité satisfaisante (à considérer également dans la partie « Appartenance »)
  • Je dors suffisamment bien, j’arrive à trouver des temps de repos significatifs
  1. Besoins de sécurité

Se sentir en sécurité, avoir un environnement stable, sans crises ou anxiété, avec des repères stables, voilà ce que regroupe le besoin de sécurité. Chaque culture établit une manière spécifique d’assurer cette sécurité. Quelques points utiles à considérer pour ce type de besoins :

  • Je ne vis pas dans la peur permanente de mourir, être accidenté, ou voir un être proche mourir
  • Je vis dans un environnement relativement stable, je n’ai pas peur de l’avenir (crainte d’une guerre, de perdre son travail, éco anxiété, etc.)
  • Je suis en bonne santé
  1. Besoins d’appartenance sociale

On est ici dans le cœur du besoin de sociabilité de l’être humain : le besoin de relations, de recevoir de l’affection des autres et d’avoir une place dans le groupe. Quelques points utiles à considérer pour ce type de besoins :

  • Je me sens faire partie d’une communauté : j’ai une famille, des amis, des collègues de travail, des voisins…
  • J’ai des relations constructives
  • Je reçois de l’affection de la part des personnes qui comptent pour moi
  • Je me sens accepté par les autres (famille, collègues de travail, association, etc.)
  1. Besoins d’estime (et d’estime de soi)

Alors que nous montons les « étages » de la pyramide de Maslow, les besoins deviennent plus intangibles, à la fois plus sociaux et plus personnels. Le besoin d’estime est lié à la manière dont on se sent apprécié, estimé et digne par la communauté dont on fait partie. Le regard des autres aura un impact plus ou moins grand sur le regard que l’on porte sur soi-même : estime de soi et confiance en soi. Quelques points utiles à considérer pour ce type de besoins :

  • Je me sens aimé et apprécié par la majorité des personnes autour de moi
  • Les autres savent ce que je peux leur apporter et me respectent pour ce que je suis
  • J’ai du respect pour qui je suis et ce que je fais
  • Je trouve que j’ai de la valeur
  1. Besoin de réalisation de soi

Cette dernière étape de la pyramide de Maslow est plus individuelle, et sa réalisation se produit une fois que tous les autres besoins sont satisfaits. La réalisation de soi est l’aspiration à devenir ce que l’on désire être, tirer le meilleur parti de ses capacités physiques, intellectuelles et émotionnelles. Il y est question d’acceptation de soi, d’autonomie, de créativité, de transcendance (le lien au divin et à la religion). Quelques points utiles à considérer pour ce type de besoins :

  • J’ai un système de valeurs qui guide mes choix de vie et mes comportements
  • Je suis en chemin pour trouver ma mission de vie
  • J’ai régulièrement l’occasion de me montrer créatif et spontané
  • J’ai une relation au divin qui apporte du sens à ma vie

Afin d’atteindre la réalisation de soi, on considère comme nécessaire d’avoir développé les étapes précédentes, mais également d’avoir entamé un processus de développement personnel, de connaissance de soi et de confiance dans ses compétences. C’est un processus compliqué qui nécessite du temps et de l’implication.

>> Et vous ? Quel(s) étage(s) de la pyramide fait le plus défaut ?

 

4.     Satisfaire ses besoins ?

Je l’ai déjà mentionné : ressentir un besoin est différent de vouloir assouvir ce besoin.

Si les besoins présentés dans la pyramide de Maslow sont tous considérés comme légitimes, les normes sociales qui régissent notre vie en communauté – ainsi que notre conscience – apportent une dimension de législation et de moralité dans la manière de les assouvir.

Ce à quoi j’aimerais m’intéresser dans le cadre de cet article, c’est la dimension de responsabilité que nous avons face à nos besoins.

Comme les trains, un besoin peut en cacher un autre !

Par exemple, le « besoin » de fumer est souvent lié à un besoin plus profond, celui de se sentir vivant, d’extérioriser le stress, de trouver du réconfort dans une routine, ou de sociabiliser. Le « besoin » de contrôle est avant tout un besoin d’être rassuré, de se sentir légitime, d’avoir une place dans le monde.

Lorsqu’un besoin important se manifeste par une émotion intense, interrogez votre ressenti : que veux-tu me dire ? Pourquoi es-tu là ? Oui, je sais, c’est un peu étrange ce que je vous dis ici, mais pourtant tellement important. Parce que nos émotions trahissent un besoin non comblé (peur, colère, tristesse) ou comblé (joie).

Alors, que nous les jugions acceptables ou pas, nos besoins sont ce qu’ils sont, et nous sommes les premiers responsables de leur apporter une solution.

Parfois, un simple « coup de pied aux fesses » est suffisant pour entrevoir des solutions concrètes pour se sortir d’une frustration ou d’une souffrance liée à un besoin inassouvi. Mais parfois, nous ne voyons pas de solution et nous avons besoin de demander de l’aide : demander conseils à un proche, proposer à une personne de confiance de nous rendre redevable sur une décision que l’on prend, faire appel à un professionnel pour trouver des solutions et les mettre en place de manière pérenne (coach, thérapeute, conseiller spirituel, addictologue…)

>>> Et vous ? J’espère que cet article vous aura été utile pour mieux vous comprendre (ou mieux aider des personnes autour de vous) et vous donner davantage de liberté dans vos besoins et vos choix. Qu’allez-vous en faire ?

 

Source : Pyramide des besoins — Wikipédia (wikipedia.org) ; La pyramide de Maslow : la théorie des besoins – Psychologue.net

Image : pixabay.com

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