La (ré)orientation professionnelle

La question de l’orientation et de la réorientation professionnelle m’est souvent posée en tant que coach, et j’accompagne plusieurs personnes dans cette démarche. Dans cet article, j’écris une lettre à une amie qui se trouve dans une situation de réflexion sur sa réorientation – cette lettre a réellement été envoyée à mon amie

Voici une partie de sa réaction, publiée avec son accord : « Je trouve très utile le questionnement que tu proposes, voire même indispensable. Le cheminement de ta lettre est très bien proposé, bienveillant, simple de compréhension et pourtant si puissant dans l’éclaircissement des éléments qui nécessitent une prise de conscience ou de décision. Ta lettre m’a rappelé l’importance de choisir car le futur n’est possible que si je le crois possible. »

Article de Ketsia Bonnaz, publié le 05 avril 2023

 

Chère Jeanne*

Depuis quelques années maintenant nous discutons régulièrement de la question de ton orientation professionnelle. Tu t’interroges sur le sens de ce que tu fais, tu as le désir de te réaliser, trouver un métier ou une activité qui enfin, te plaise sur le long terme. On en parle par-ci, par-là, mais je n’ai jamais pris le temps de poser clairement les choses et c’est ce que je vais essayer de faire avec cette lettre qui, je l’espère, te sera utile.

Ton état d’esprit

Le premier point que j’aimerais aborder, c’est la manière dont tu regardes à ton passé, à ton présent et ton avenir : es-tu optimiste, résignée ou déprimée ? Dans quelle dynamique es-tu : hyperactive, dans l’attente, ou critique ? Comment perçois-tu tes propres compétences : es-tu sûre de toi, critique, dévalorisante ?

Vois-tu, si je te pose la question, c’est que cela a un impact évident sur la manière dont tu vas te positionner. Je sais combien il est difficile et fatiguant de mobiliser de la motivation lorsque les expériences passées ont été décevantes. Mais je t’invite tout de même à considérer ton âme : si elle est noire, elle ne verra que des choses en noir, si elle est éclairée, elle sera en mesure de percevoir davantage d’opportunités.

Je t’encourage aussi à t’entourer de personnes positives, qui sauront alimenter la vie en toi, mais qui sauront aussi t’aider à faire le bilan de là où tu en es, ce que tu as à apporter, et t’aider à faire de tes rêves la réalité.

Activité vs environnement de travail

Mon deuxième point, c’est de t’assurer que la réorientation professionnelle à laquelle tu penses est bien issue d’un désir de changement d’activité, et non un ras-le-bol face à une ambiance de travail négative.

Je me rappelle le tout premier coaching de ma vie, alors que j’étais en formation pour ma certification de coach. Maëva* était une femme dans la quarantaine qui avait un objectif précis lors de notre première rencontre de coaching : une réorientation professionnelle. J’étais assez démunie face à sa demande (à l’époque je n’avais aucune connaissance sur la question) mais nous avons parlé pendant 1h30 sur le sujet : ce qui ne fonctionnait pas dans son poste actuel, ses envies, etc. Je l’ai quittée et nous nous sommes revues 1 mois plus tard. Cette fois-ci j’étais prête : j’avais collecté des documents de ressources humaines, des listes de compétences, des méthodes de définition des objectifs professionnels, j’étais au taquet. L’une des premières choses qu’elle me dite alors que nous nous installons pour cette 2ème session de coaching restera gravé dans ma mémoire : « J’ai réalisé qu’en fait mon problème n’était pas mon métier, mais le fait que je n’arrive pas à dire non. » Une fois de plus, j’étais désemparée, mais nous avons travaillé sur la question de l’assertivité. A la fin de nos 4 sessions de coaching, Maëva m’a déclarée qu’elle était finalement très heureuse dans son emploi (le même que celui qu’elle voulait quitter quelques mois plus tôt) et que sa capacité nouvelle à dire non avait changé sa vie toute entière.

Tu comprends où je vais, n’est-ce pas ? Parfois, ce ne sont pas tant nos activités et responsabilités qui sont problématiques que la manière dont nos collègues nous traitent, les conditions de travail, les sous-entendus, voire le harcèlement. Alors la solution n’est pas une réorientation professionnelle, mais changer de positionnement… ou changer d’équipe.

Ce serait dommage de quitter une activité où tu as des compétences avérées à cause d’équipes problématiques.

D’ailleurs, j’ouvre une parenthèse sur ce dernier point : si systématiquement tu te retrouves dans des équipes qui posent problèmes, avec une hiérarchie malhonnête et des abus à répétition, peut-être que cela vaudrait la peine pour toi de te pencher sur pourquoi tu te retrouves toujours dans des contextes malsains. Une réflexion sur tes croyances, mécanismes de choix, et autre pourrait être utile.

Un cheminement ou une révélation ?

Une autre chose qui me vient en tête, c’est la conception du « travail idéal ». J’ai l’impression qu’il y a un immense fossé entre d’un côté les personnes qui s’attendent à une sorte de révélation mystique qui leur ouvrirait les yeux du jour au lendemain sur une activité qui les rendrait pleinement heureux, et de l’autre, les personnes qui se sentent à leur place dans leur activité professionnelle et qui témoignent d’un cheminement parfois très long.

D’ailleurs, tu l’as certainement lu dans mon article sur Mes métiers, je me mets clairement dans la 2ème catégorie.

Je ne dis pas qu’il ne peut pas exister des « vocations » que certains portent depuis très jeunes, ou de métier-passion qui fait sens à peine y a-t-on touché. Ce que je veux dire, c’est que pour la plupart d’entre nous, nous ne savons pas vraiment ce qui nous convient tant qu’on ne fait pas des pas dans la bonne direction. Et comment faire ces pas ? En se lançant, en apprenant des leçons de nos expériences, en s’observant soi-même, en étant curieux. Et au fil des mois et des années, les choses commencent alors à devenir plus claires.

Et puis, je me permets un petit coup de gueule : c’est quoi cette idée que j’entends chez beaucoup de jeunes de trouver un boulot pour lequel on a envie de se lever tous les matins ? Cela n’existe pas. Il y aura forcément des matins où l’on s’est couché un peu trop tard la veille et on n’a pas envie de se lever. Des matins où on préfère rester dans son lit plutôt qu’avoir à régler un conflit avec un collègue, affronter le stress d’une deadline, surmonter une difficulté ou régler une crise. Parce que ces choses font partie de la vie, et qu’aucune satisfaction ne vient sans un prix à payer. Donc s’il te plait, ne choisis pas la voie de la facilité et du plaisir immédiat, il y a tellement plus de joie à vivre dans la persévérance et la victoire face aux défis !

Alors je t’encourage vraiment à ne pas baisser les bras. Peut-être que tu n’auras jamais de révélation d’un métier parfait, et peut-être que c’est mieux ainsi. Mais ce dont je suis certaine, c’est qu’en étant ouverte aux opportunités, tu te retourneras un jour en te disant que tu ne sais pas trop comment tu en es arrivée là, mais que c’est encore bien mieux que ce que tu avais imaginé.

Faire le point

Bon, on en arrive au concret là. Comment définir un fil conducteur ?

Les étudiants peuvent faire appel à un conseiller d’orientation, les salariés à un bilan de compétences, et il existe des livres et formations à gogo sur la question. Une chose qui fait souvent la différence entre une idée un peu folle et la concrétisation d’un projet, c’est d’être accompagné par un professionnel – tu le sais, en tant que coach j’accompagne des personnes à définir ou redéfinir leur orientation professionnelle.

Une technique que j’utilise de plus en plus s’appelle l’Ikigaï. Ce terme un peu étrange est issu du japonais, et signifie « une raison d’être ». C’est une technique très utile pour réfléchir non seulement à son orientation professionnelle, mais aussi la remettre dans le cadre d’une réflexion plus générale sur le sens de sa vie et ce que l’on désire apporter au monde. Je te le présente dans mon article précédent, afin de constituer un fil rouge pour la prochaine étape.

Ce que j’aime particulièrement avec cette méthode, c’est qu’elle allie non seulement des faits (compétences, centres d’intérêts, rémunération), mais aussi des valeurs de vie et des considérations plus personnelles. Je te sais croyante, et je t’encourage donc à travailler l’Ikigaï non seulement avec ta tête et ton cœur, mais aussi dans une attitude de prière, afin que Dieu ait la possibilité de te dire ce qu’Il en pense.

 Ah oui… et puis courage !

Suite à l’Ikigaï ou toute autre direction que tu envisages, il y aura certainement des changements à apporter, des décisions à prendre. Et ce n’est pas facile.

Il y a quelques temps, je discutais avec un coach de leaders américain, qui accompagne les businessmen à la reconversion à la « mi-temps » de leur vie – des femmes et des hommes qui ont si bien réussis qu’ils arrivent à 40 ou 50 ans à l’apogée de leur carrière et qui se demandent bien à quoi tout cela sert, et ce qu’il peut y avoir après.

Une notion essentielle à considérer lorsque l’on envisage une reconversion professionnelle, c’est la « marge » que l’on a, en termes de temps, de ressources financières et de compétences :

  • As-tu du temps à accorder à ta recherche ? Je sais que tu es sans activité durable en ce moment, mais cela ne veut pas forcément dire que tu as la discipline qui te permet d’allouer du temps spécifique pour ta recherche, ta réflexion, etc. Si tu ne crées par du temps, tu ne l’auras jamais.
  • Où en es-tu dans ton « matelas » financier ? Les reconversions conduisent souvent à prendre des risques dans ses choix de vie : lancer une entreprise, quitter son poste pour un emploi moins bien rémunéré mais qui fait davantage sens, diminuer son temps de travail pour accorder davantage de temps à des activités bénévoles… La liste peut être longue, et on ne peut pas laisser de côté les considérations financières, surtout si l’on a une famille à charge, des crédits, etc.
  • Et enfin, il y a la marge des compétences. Envisager quelque chose de nouveau, c’est se découvrir néophyte, comme sans repères et sans valeur-ajoutée. Et pourtant. Avoir été excellente dans une activité spécifique ne veut pas dire que tu n’as pas développé des compétences transversales : compétences relationnelles, capacité d’apprentissage et d’adaptation, d’analyse, etc. Mais parfois, reprendre des études, passer une certification, faire un stage ou apprendre en autodidacte demandera un vrai sacrifice.

Alors Jeanne, quelle est ta marge en temps, en finances, en compétences ? Si tu l’estimes insuffisante, alors peut-être que la première étape serait d’accroître ta marge pour avoir plus de confort lorsque tu passeras à l’action.

Mais dans tous les cas, il te faudra du courage ! Mais tu ne seras pas seule. Tu as tes amis et j’en fais partie.

 

Moi, je crois en toi. Tu es une jeune femme remarquable, et nous n’avons encore rien vu de qui tu es, et de ce que tu es capable de faire. Alors bonne réflexion, et si tu en as envie, discutons-en la prochaine fois qu’on se voit !

Avec toute mon affection

Ketsia

 

Notes :

  • *Le prénom a été changé par respect pour la vie privée de mon amie
  • Crédit photo Pixabay.com

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Ketsia Bonnaz

Ketsia Bonnaz

Coach, Formatrice, Consultante

 « Développer les potentiels » est ma passion… et mon ambition.

J’aime être catalyseur de développement, qui permet de passer de l’idée à la réalité.

Je vous accompagne à déterminer où vous êtes, où vous désirez aller, et passer de l’aspiration à l’action. Le coaching, la formation et la consultance me permettent de puiser dans des méthodologies et des outils variés afin d’aborder chaque situation avec créativité, et vous proposer des solutions adaptées et pertinentes.

 Je suis à votre écoute, en alignement avec mes valeurs d’intégrité, de respect et d’espoir.

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